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Le Cercle des treize

Josy-Anne Brousseau, une jeune écrivaine de 20 ans, vient de publier aux éditions Périclès (Mont St-Hilaire, Québec), son premier roman Le Cercle des treize, le lendemain du 110eme anniversaire de Dracula c’est-à-dire le 19 mai 2007…

cercle des treizeLe roman de Josy-Anne Brousseau raconte l’histoire de Damien De Flauvant, un vampire âgé de 604 ans qui nous raconte son histoire et celle d’une société secrète le Cercle des treize.

L’auteur a bien raison de nous dire d’oublier tout ce que nous connaissions sur les vampires, car son mythe est un mythe nouveau où fantastique, horreur et romantisme s’entremêlent dans une marée de sang et de viscères. La jeune romancière n’épargne aucun détail des laborieux massacres et aussi de l’espèce humaine traitée comme un chien galleux.

Ce roman est le premier tome de 13 que l’auteure annonce fièrement. Comment décrit-elle son livre ? “Très loin du mythe du vampire du Moyen-âge et encore plus loins de celui d’Anne Rice, même s’il peut y avoir quelques ressemblances. Je ne peux pas tout réinventer!

La maison d’édition pour sa part: “il ne s’agit pas d’un simple livre sur les vampires sanguinaires à faire peur, mais d’un ouvrage à caractère philosophique qui nous conduit à réfléchir sur le monde.

Le personnage principal, Damien De Flauvant, est un vampire qui nous relate ses mémoires de sa petite enfance jusqu’au début de février 2006. Âgé de 604 ans à la fin du roman, il nous fait comprendre, dans un univers gothique mordant et sanglant, son rôle dans la société. D’un narcissisme choquant et d’une méchanceté harcelante, il nous fait demander qui sont les réels méchants dans la société.

Le mythe du vampire dépasse largement celui de Dracula car le vampire réfléchi n’est point représenté comme un démon, même si le narrateur, Damien, se présente comme un démon de la pire espèce.

Le roman traite de racisme, d’humanisme et de tous les problèmes philosophiques qui posent question à la société, mais traités ici de façon fictive, bien sûr. Malgré la dimension philosophique de l’œuvre, le roman demeure un roman noir, néo-gothique, avec un côté fantastique. Les personnages sont principalement des vampires, des sorcières et des êtres hybrides, les Perditiens.

Chaque personnage apporte des éléments différents à Damien : treize vampires, dont Damien, créent une société secrète s’impliquant au sein du gouvernement, du monde interlope, des clubs underground, etc. Ce monde fictif nous rejoint au point qu’on se laisse prendre par le mythe vampirique créé par Josy-Anne Brousseau.

Et Finalement la quatrième de couverture:

« Oubliez tous ces mythes et légendes sur les vampires ! Oubliez les histoires de grands-mères ! Oubliez le fameux Dracula ! Voyez de vos propres yeux la vérité sur les vampires. Nous sommes treize vampires rodant dans les rues à vous chasser et à nous nourrir de votre espèce depuis plus de 600 ans. Moi, Damien De Flauvant, je serai votre narrateur tout au long de la vérité. Je vous invite donc à lire mes mémoires dont j’ai commencé la rédaction en juillet 2005. Chaque instant est une mélodie d’une telle mélancolie sanglante, mais sans être barbare, que je vous bercerai doucement dans mon monde. »

Pour plus d’information sur ce roman: www.cddl.qc.ca

En vente au coût de 25,00$ CAN

Pour plus d’information sur l’auteure : http://josy-annebrousseau.site.cx

Vampire Junction (Timmy Valentine I)

Folio enrichit sa bibliothèque argentée de la fameuse trilogie vampirique de S.P. Somtow

S. P. Somtow à 14 ans, qui ne s’appelait pas encore S.P. Somtow
S. P. Somtow à 14 ans, qui ne s’appelait pas encore S.P. Somtow

Folio enrichit sa bibliothèque argentée de la fameuse trilogie vampirique de S.P. Somtow (parue en poche précédemment chez J’ai lu), Timmy Valentine. Essentiel vampirique moderne s’il en est, jugez plutôt : il est au sommaire de VAMPIRES. Dracula et les siens, l’antho vampirique OMNIBUS présentée par Jean Marigny et ses copains vampirophiles (et ça, lecteur au longues dents qui débute dans le domaine littéraire vampirique, c’est un excellent tuyau, ce volume est ta Bible) et c’est déjà un indice. C’était donc l’occasion pour moi de m’y plonger enfin, dans un coin où on ne me voyait pas trop, vu qu’il est honteux de ne l’avoir jamais lu après toutes ces années à adorer la Grande Canine…

Timmy Valentine est une trilogie dont Vampire Junction est le premier volet. C’est aussi le roman qui rendit S.P. Somtow célèbre. C’est un auteur né en Thaïlande, comme on peut le lire sur ses traits (j’aime bien voir le visage des écrivains, c’est comme les inconnus dont il ne faut pas accepter les bonbons : la plupart du temps, ils ne paient pas de mine).

Le chanteur du groupe allemand Tokio Hotel
Le chanteur du groupe allemand Tokio Hotel

Timmy Valentine, nom qu’il se donne dans la période où se passe l’action principale du roman, est un enfant vampire de 12 ans, idole pop rock pour adolescents. Et là, je ne vais pas être sympa, je vais vous dire à qui je n’ai pu m’empêcher de l’identifier physiquement tout le long de ma lecture (ça vous poursuivra, j’espère, ghahaha) :

Mais bref, passons à l’histoire : Valentine est un vampire qui a plus de 2000 ans, il naquit à la nuit alors qu’on venait de le castrer, lui qui avait une voix extraordinaire, enfin qu’il la garde pour l’éternité. Au moment où commence le récit, il décide d’entreprendre une psychanalyse à l’aide de Carla, à laquelle il confiera, dans cette perspective, des épisodes de son passé : déportation à Auswitzch, victime de Gilles de Rais, spectateur d’un rituel satanique… ouaaaah, comme c’est original, me direz-vous.

Mais ça l’est, réellement. Ca ne le serait pas s’il se contentait d’une confession ricienne, cependant, il ne s’agit pas du tout de cela. Timmy n’est pas qu’un romantique dépressif, et Carla n’est pas un journaliste à la recherche d’un original : c’est une adepte de la psychanalyse jungienne et Timmy se prend pour un archétype. Il est une sorte d’égrégore (inconscient collectif, pour la version Jung) du côté obsur de l’humanité, la matérialisation de ses peurs, de ses sombres fantasmes, bref, du côté de l’ombre et c’est parce qu’il est un reflet, qu’il ne pourrait pas avoir de reflet. Rien de nouveau sous la lune. Oui, c’est vrai, c’est ce qui est entre les lignes de toute la littérature vampirique; combien de fois a-t-on, même, tenté de psychanalyser Stoker à travers son Dracula ? N’a-t-on pas répété ad nauseam que le comte représentait l’inavouable dans la psyché des autres personnages ? Que c’est ce qui expliquait pourquoi, dans le miroir, c’est soi qu’on voit, et pas le vampire qui devrait se renir à côté ? Oui, et Somtow a décidé de sortir cet aspect d’entre les lignes et d’en faire explicitement l’intrigue ! D’autres ont donné une voix au vampire, mais alors le vampire devenait humain psychologiquement, et finalement, on revenait au point de départ. Vampire Junction fait parler un archétype et se construit autour de la quête menée par cet archétype. Cela donne un résultat peu banal pour une histoire de vampires.

timmy valentineAu final, on ne sait pas réellement si Timmy a vécu les évènements historiques qu’il raconte, car c’est leur symbolique qui compte, il a pu en vivre des centaines d’autres au signifié équivalent, parce que l’humanité les a vécus et qu’il lui est inhérent. A côté de ça, l’autre intrigue, celle qui produit l’action, met en mouvement, fait se produire ce qui doit se produire, se rencontrer ce qui doit se rencontrer (à Vampire Junction, évidemment), est essentielle mais presque dérisoire.

Pour prévoir la suite, les deux prochains volets, je suppose qu’il me faudrait réviser Jung, mais il me semble que le triangle enfin assemblé animus / anima / ombre, il nous reste le long chemin de l’individuation…

Quelques mots sur Jung : Jung, c’est le fils désobéissant de Freud, qui à partir de la découverte de l’inconscient par Freud, va développer tout autre chose. Voici quelques thématiques auxquelles il s’intéressa et machins conceptuels qu’il a inventé :

  • Il a inventé l’inconscient collectif, qui est intimement lié à sa notion d’archétype. Les archétypes seraient des sortes de structures prêtes à remplir que se trimballe l’humanité peu ou proue depuis son origine, et où elle met des trucs différents selon sa culture, ses représentations…
  • Il a mené des recherches sur la synchronicité, qui est, en très très gros, une tentative de découvrir le fonctionnement du hasard. C’est intéressant par rapport au roman, dans la mesure où les destins des personnages y sont tissés pour que des rencontres aient lieu à certains moments précis, dans des circonstances précises. Somtow utilise le mot “karma”. Mais ce n’est pas exactement la même chose.
  • On peut noter aussi que Jung s’est intéressé à une certaine culture orientale, par exemple aux mandalas, et à des contes indiens. Or, une part de l’intrigue a lieu en Inde, dans Vampire Junction. Et pendant que je suis dans les recoupements à 2 balles, j’ajoute cette hypothèse tordue : de même que les mandala, le roman fonctionne en cercle (retour, à la fin, à la situation originelle) avec des motifs répétitifs (la fôret, par exemple, ou le fait qu’il est sous-entendu que les évènements auraient pu être échangés avec d’autres).

Vampire de Ropraz

La première oeuvre vampirique remarquable de cette année est sans doute le dernier roman en date de cet ancien prix Goncourt : Jacques Chessex.

vampire roprazRemarquable par la presse, la radio, la télé, pour commencer. Oui, forcément, un Goncourt, un roman racontant d’horrribles faits dans une pornographie de détails gore, des descriptions inflexibles, légistes, des sévices subis par des corps de presque fillettes que la mort faucha trop tôt-pas au goût de tout le monde. On se demande jusqu’à quel point Chessex n’aurait pas quelques fantasmes inavouables. Les medias se le demandent. Mais les media sont des cons.

Heureusement, ce petit roman (à peine plus d’une centaine de pages), mérite d’être remarqué par d’autres que ces rigolos. Nous, inconditionnels du mythe du vampire, par exemple.

C’est donc avec un sentiment partagé que je tendis la somme due à mon libraire pour acquérir ce livre dont, d’une part, on m’avait trop rabattue les oreilles pour que je n’ai pas envie de le bouder un peu, mais à propos duquel j’éprouvais une curiosité quant au traitement du mythe du vampire : parlait-on réellement dans ce roman de vampirisme, ou cela était-il une façon de dire “monstre” pour un être que la bonne morale juge inhumain ? Car ce livre s’annonce d’emblée comme n’appartenant pas au genre fantastique…

Jacques chessexEn 1903 à Ropraz, dans le Haut Jorat vaudois, la fille du juge de paix, la virginale Rosa, meurt à vingt ans d’une méningite. Dans l’hiver qui souffle, un promeneur trouve le couvercle du cercueil soulevé, le cadavre violé, la main gauche coupée net, le sexe mastiqué, le coeur disparu. Profanation. Horreur. Stupéfaction villageoise, crainte du diable, soupçons de vampirisme, ail et crucifix accrochés aux maisons pourtant protestantes… En avril de la même année, deux autres profanations atroces sont exécutées de manière semblable : à Carrouge, des gamins jouent à la balle avec la tête scalpée de Nadine ; à Ferlens, c’est la blanche Justine qu’on profane. Monte la rumeur, comme une houle : il faut un coupable pour des crimes qui rappellent à chacun la ‘crasse primitive’, les vices cachés ; les étreintes contre nature. Favez, un garçon de ferme un peu idiot aux yeux rougis, à l’épaule saillante, aux longues canines, qu’on a surpris à l’étable abusant des génisses, sera le coupable idéal. Il sera jugé et condamné, puis on perd sa trace après 1915. Lire l’Incipit sur le site de l’éditeur.

Loin de vous proposer une analyse de ce roman sous quelque angle que ce soit, je vous soumets simplement quelques points, quelques pistes :

Le “vampire” est de fait un nécrophile, comme vous pouvez vous en rendre compte dans le résumé. Bon, me dis-je à la premier page, je ne trouverai pas l’ombre d’un vampire. Je me trompais, car c’est de l’ombre surtout, que l’on trouve, des correspondances avec le mythe, du subtil plutôt que du patant.

Par de multiples aspects, le livre renoue, plus précisément avec l’époque Dracula : la parole est retirée au “vampire” (quelques décennies après l’avènement du vampire parlant, ça fait du bien de ne plus l’entendre tergiverser à la Louis de la Pointe du Lac, non ?), ce sont les autres qui parlent de lui, ce sont les autres qui cherchent et se cherchent en lui. Qui cherchent, parce qu’ils ne comprennent pas comment une “telle horreur” (Mais qu’est-ce qui est horrible finalement ? Les cadavres ne souffrent pas, aux dernières nouvelles… ce qui est horrible est le manque de respect et donc de peur, devant la mort. L’affront de la mort est une caractéristique du vampire, mais aussi sa mise au jour, son spectacle, le vampire fait voir ce qui doit être caché : le cadavre. Le vampire fantastique en étant lui-même un cadavre, le héros de ce livre en les sortant de leur tombe. est possible. Les psy passent d’ailleurs à côté, le faisant élargir une première fois : ils ne le croient pas coupable, ils ne comprennent pas à quel moment le vampire est né, où se situe la genèse. Comme pour Dracula, le mystère est jeté sur sa naissance en tant que monstre, que vampire. Pourtant, ils connaissent son histoire, les violences sexuelles subies dans son enfance, la misère, le manque d’éducation. C’est pourquoi en lui les habitants du village, au fond, se cherchent, cristallisent en lui leur culpabilité, la conscience qu’ils ont, de vivre dans un hameau consanguin, incestueux, malsain, primaire, obscur, violent, frustré. En lui ils veulent punir cela. On retrouve aussi un peu la population porteuse de superstitions de Dracula. D’autant plus qu’en réalité, jamais il n’est prouvé qu’il est coupable du viol des tombes. Mais ses yeux sont rouges, ses dents aiguës et c’est également ce qui participe à sa condamnation.

On note aussi une mystérieurse “dame blanche” qui vient rendre visite au monstre (au montré, au phénomène), plus vampire que le vampire, venue assouvir sur lui de pervers fantasmes.

Présence d’un asile psychiatrique où les médecins sont assez expérimentateurs, allusion à Dracula encore ?

Et la fin du livre, que je ne saurai interpréter, sinon qu’elle montre à quel point le “vampire de Ropraz” fut soumis au destin général plutôt qu’au sien propre. Il est un témoignage des autres plutôt que de lui-même. En cela peut-être la fin a-t-elle un sens. Et aventureusement, je me dis qu’ici encore il rejoint Dracula, ce titre qui peut être lu comme une épitaphe. Mais là, je ne peux en dire plus sans vous parler du dénouement.

Finalement, à la question de savoir si ce livre parle d’un vampire, je dois dire non, pas à mon sens. Mais est-ce que ce roman utilise et enrichit le mythe vampirique : mais oui ! Et comment ! C’est, j’espère qu’on s’en rendra compte, un futur incontournable de la littérature vampirique, une nouvelle façon d’énoncer le mythe, de le rendre pertinent pour évoquer notre monde rongé par la lumière crue de la science, assoiffé de sensationnel, éclairé par les media qui rendent les actes de violence une anecdote de comtoir nationale, et se sentant coupable. L’engouement médiatique à la curiosité au goût douteux pour ce livre prouve peut-être la justesse de cette mise à jour du mythe.

La vampire – 1 : La promesse

La littérature, c’est un peu comme la musique. Il y a l’avant (l’attente, l’observation), l’acte (la lecture ou l’audition) et l’après (le silence, la contemplation).

la-vampire-pikeEn littérature, il consiste à regarder son livre, à le manipuler, le sentir, à frôler la couverture, toucher la couverture, la découvrir, l’observer, et commencer à s’imaginer les trésors qu’il renferme.
Cette étape très importante (à ne pas négliger) est indispensable pour relier le support (le concret) à l’histoire (l’imaginaire). Ainsi l’histoire que vous avez lu sera pour toujours associée à l’odeur, la texture et la beauté du livre que vous avez entre les mains.

De l’importance de l’apparence du livre

Il arrive souvent que nos espérances imaginatives de cette première approche du livre, soient déçues par un contenu bien inférieur à ce qu’on avait imaginé.

Hé oui, combien de fois un magnifique ouvrage, superbement relié, dont la couverture présente une magnifique illustration et la 4ème un résumé alléchant (voir des citations dithyrambiques), s’avère n’être au final qu’une bouse insipide et commerciale ?

Cela arrive très (trop) souvent. Il faut remercier en cela le fabuleux travail des marketeurs qui habillent des gros cacas en œuvres de choix par la magie des mots (NOUVEAU !), des visuels (A POIL !), et des têtes d’affiche (ACHETEZ car TOUT LE MONDE ACHETE).

Mais là où c’est plus rare, c’est quand un contenant minable cache une petite perle.

Attention, hein ! J’ai dit « petite ! », ce n’est pas le bouquin de la décennie non plus.
Mais je dois vous avouer ma surprise à la lecture du livre de Christopher Pike.

Il faut toujours tenir ses promesses

Je n’en avais pas envie, mais j’étais obligé de lire ce livre. J’en avais fait la promesse. Car des fois, je fais des promesses idiotes. Mais comment avais-je pu promettre ça. J’ai tellement de trucs plus intéressants à lire, des valeurs sûres. Pourquoi ça ?

Donc me voilà prenant dans mes mains cette « chose ».

Quelle immonde édition (Fleuve Noir devrait avoir honte d’oser sortir des bouquins comme ça). Pire que le pire des SAS. Pire que le pire des collection Arlequins.

Une blonde-pouf (non, elle ne pouffe pas, elle ressemble à une pouf), façon Bouffy en couverture. En arrière plan, des pseudos bas reliefs de mon c… Tout ça démontrant néanmoins une belle maîtrise de QuarkXpress (c’est pas facile de faire une belle couverture avec des photos de merde). Ajoutons un titre « La Vampire » en rouge vif en police de caractère pseudo médiévale et une 4ème de couverture qui nous replonge dans les tribulations d’une blondasse à Sunnydalle. Et nous obtenons une parfaite couverture moche et accrocheuse réalisée en 5 minutes… Tout ce qui donne envie de ne pas lire un bouquin.

Et Merde !

Je venais de me taper les chiantissimes aventures virgino-américaines d’Anita Blake (la pucelle nécromancienne-chasseuse de vampires-tueuse mais qui ne nique qu’après le mariage), et j’étais reparti pour m’avaler un autre roman pour goth de 14 ans.

Pfff.. Dire que je tiens toujours mes promesses…

Alors je lis…

Blablablabla… L’héroïne c’est Sita (Alisa Perne mais c’est pas son vrai nom)… Blablabla…

Je suis une vampire de 5000 ans (ben ouais, il faut bien rivaliser avec les vampires d’Anne Rice)….

Blbalbala… Je suis super forte, super sans scrupule, super allumée…

Pfff.. Ca commence toujours comme ça dans les romans vampiriques pour pucelles jusqu’au moment, où y’a un mec super beau (« j’te raconte pas, top canon ») qui arrive et là, hop, on trouve une excuse pour pas coucher avec lui avant le tome 8 de la série…

Je continue à lire…

Boum ! La vampire explose la cage thoracique d’un détective véreux… Ah
Oui, quand même, elle est vraiment sans scrupule la fille.
Et je continue à lire. Et l’héroïne (même si elle n’a rien d’héroïque, étant complètement autocentrée), l’héroine, donc est bien super forte, super sans scrupules, et super allumée.

Et, Et … Et elle couche quand elle en a envie !!!

Attention ! Révolution dans le roman pour teenage girls !

On est plus dans Buffy ou Anita Blake qui vont expliquer pendant 20 pages pourquoi il ne faut pas coucher même quand tu en as envie, non, là il s’agit bien là d’une fille de 5000 qui a de vraies désirs, de vraies pulsions et qui les vis profondément. Une vraie femme qui s’assume. On est bien loin des caricatures américaines classiques.

Ajoutons à cela des origines indiennes, de la mythologie védique (on y rencontre Krishna, Rama, Kali-yuga, Radha et le démon Yaksha) , des prédictions, des barbouzes, un bonhomme à lunettes qui a le SIDA et qui écrit des livres d’horreur et vous obtenez un truc que la couverture du livre n’aurait jamais pu prédire.

Bon, certes, c’est écrit avec les pieds (ou alors la traduction n’est pas fidèle à l’original, car je n’ai lu que la version française), mais c’est une chouette histoire assez imaginative, qui se lit vite avec beaucoup d’action et peu de temps morts.

On peut également reprocher à l’auteur, le fait qu’il n’y connaisse absolument rien en informatique (ni en arts martiaux d’ailleurs), alors que la vampire est censée être un génie dans ces domaines. Mais bon, c’est pas la première fois qu’on nous fait le coup.

Conclusion : ne croyez pas aux couvertures !

En conclusion, il ne faut jamais se fier aux couvertures des livres…. Je devrais le savoir. Les apparences sont bien trompeuses et ce livre me l’a prouvé.

La deuxième conclusion c’est que les éditions Fleuve Noir sont tombées bien bas (même le titre original est mieux : “The last vampire“)

Mais irais-je jusqu’à lire le tome 2 ?

House of the vampire

Jean Marigny m’a donné un livre…

Imaginez ma joie. Car LE Jean Marigny, LE grand expert vampirophile français, m’a donné un livre. Un livre qui n’a pas été écrit par lui mais qu’il a traduit de ses petites mains musclées.

Jean Marigny m’a donc donné un livre.

Et imaginez ma surprise : je ne l’avais jamais lu ce livre vampirique. Je ne le connaissais que de nom.

Donc forcément, le livre en main, je n’ai pu m’empêcher de m’y plonger.
Il s’agit effectivement d’un livre peu connu, et pourtant c’est un ouvrage tout à fait original car il traite de vampirisme psychique, plus précisément même de “vampirisme artistique” (l’expression est de moi, j’en suis fier).

Son maléfique protagoniste, l’abominable Reginald Clarke est un célèbre génie de l’écriture, brillant et admirablement intelligent.

Mais l’on découvre peu à peu que Reginald est une terrible psychopompe qui aspire le génie des autres à son profit, laissant ses pauvres victimes vidées, perdues, et désespérées.

Et finalement, ce vampire est plus terrible que bien des prédateurs assoiffés de sang, car il se nourrit de l’âme et de l’imagination créative de ses victimes.

Alors que préférez vous ? Mourir exsangue aux lèvres d’un prédateur animal ou vivre décérébré, la créativité aspirée par un artiste de la haute ? [Dracula->170] ou Reginald Clarke ?

Jean Marigny m’a donné un livre.

C’est un livre intéressant, dont le style nous replonge au début du siècle. La forme évidement mais aussi le fond. A l’instar de Dracula qui était une transposition de la vie de [Stoker->48], Ernest Fielding, le malheureux héros de la maison du vampire, semble excessivement proche de G.S. Viereck.

La plupart des dialogues nous éclairent sur le point de vue de l’auteur sur la société, l’art, la culture, les femmes. On y trouve celui du naïf qui découvre la vie (le jeune Ernest) et celui du méchant qui a tout vécu (Reginald).

Certains de ces dialogues peuvent nous apparaitrent aujourd’hui rétrogrades. Mais il s’agit d’un livre à lire évidement avec recul, en n’oubliant pas le contexte du début du 20ème siècle aux Etats-unis.

Jean Marigny m’a donné un livre et je l’en remercie.

Le Château des Carpathes

L’histoire débute dans un petit village supersticieux de Transylvanie, en face duquel se dressent les lugubres ruines du château des Carpathes, que l’on pense inhabitées depuis des années. Seulement, voilà qu’un jour, le berger Frick s’aperçoit à l’aide de sa toute nouvelle lunette qu’un mince filet de fumée s’échappe de la tour. Ce ne peut être que l’oeuvre du Chort (le Diable), puisque le dernier descendant de la famille des barons de Gortz, propriétaire du castel, est supposé mort depuis longtemps par les habitants du burg ! Le courageux Nic Deck accompagné du docteur Patak partent alors voir de plus près ce qui se passe et sont forcés de battre en retraite après avoir été les témoins de nombreux phénomènes aussi effrayants qu’étranges…

Quelques temps plus tard, le comte de Télek, qui voyage pour oublier la mort de sa fiancée, la célèbre cantatrice Stilla, fait halte au village de Werst, où il ne tarde pas à avoir vent des phénomènes reliés au château des Carpathes, qu’il pense scientifiquement démontrables. Puis il apprend que le château appartient à Rodolphe de Gortz, son sang ne fait qu’un tour : ce nom est lié dans sa mémoire à la mort de la Stilla, il décide donc d’y aller et lorsqu’il atteint le plateau d’Orgall, qui fait face à l’édifice, voilà qu’il distingue, sur le terre-plain d’une tour, la silhouette de sa bien aimée, qu’il croyait morte depuis cinq ans…

Ce roman débute dans une ambiance qui le rapproche du récit fantastique.
Un conte fantastique, c’est ce que l’on est tenté d’y voir, malgré quelques indices, jusqu’aux derniers chapitres. Mais même si la quatrième de couverture de Livre de Poche prétend que “Jules Verne s'[y] affirme comme un maître de la littérature fantastique”, il s’agit bien là d’une oeuvre de science-fiction… au cadre fantastique voire gothique. En tant qu’irréductible fanatique de la littérature fantastique, je n’ai pu m’empêcher d’être étreinte par une vague déception, mais d’autres vous diront, et ils auront raison, qu’on peut voir dans le dénouemement, à la faveur d’un poétique anachronisme, une métaphore onirique de la télévision : des morceaux d’un passé qu’on croyait évanoui peuvent être contemplés à travers des éclats de verre. Pour comprendre, il va falloir lire.

Vous trouverez ci-jointe la photo de la couverture des éditions Hetzel qui se faisaient un blé pas possible sur le dos de Verne. Lui-même était pauvre. Et une des gravures qui ornent ces éditions dont nombre de bibliophiles sont dingues.

Lestat le vampire7

Lestat Addict

“Ce que le public te reproche, cultive-le, c’est toi !
+Jean Cocteau+


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A mon sens “Lestat le vampire” fait figure d’inoubliable perle au cœur de la jungle littéraire fantastique.

Comment, en effet, ne pas se laisser entraîner par la vie sulfureuse et tumultueuse de ce jeune immortel haut en couleurs… et en douleurs ?

On pourrait même se prendre à rêver à une hypothétique rencontre avec cette ombre tourmentée oscillant entre deux mondes, rien que pour panser les plaies de son cœur meurtri balançant entre le plan des mortels et celui des non morts prédateurs impénitents parfois bien malgré eux. Tous les vampiromanes épris de beauté, de voyages et de liberté ne peuvent que tomber sous le charme de ce Lestat anarchiste, assoiffé de renommée obsessionnelle, qui se lance à crocs éperdus dans l’exploration des sources vampiriques originelles. Un vampire galopin, libre penseur, attendrissant, farouchement opiniâtre, n’écoutant que ses propres lois, refusant ainsi de totalement mourir au monde et à ses êtres.

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Oui, on devient véritablement addict au périple acharné de cette créature orpheline emplie de volonté indomptable, toujours habitée par cette étincelle d’humanité instinctive. Cette petite flamme vivace n’attend qu’un signal de notre part pour s’affranchir à jamais de toute aliénation imposée, luttant contre toute forme d’oppression. Comme si au fond, cette lueur  nous soufflait “Soyez toujours vous-même, envers et contre tous ! Si vous vous sentez différents, montrez-le à la face de l’univers, hurlez-le sous les projecteurs, soyez-en fier car vous êtes beaux et forts d’être ce que vous êtes !”

Par conséquent, je pense que quelque part, tapi au creux de notre être, la “lueur d’un Lestat” sommeille. Oui, j’ai envie d’affirmer que ce cher Lestat représente l’arrogant porte-parole des causes marginalisées par la société. Il apparaît ici au paroxysme de sa gloire, traversant les siècles doté du panache d’un dieu intemporel et brillant !

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Anne Rice s’impose ici comme une maîtresse es vampire incontournable en livrant cette œuvre magistralement conçue.

Il a été, pour ma part, jubilatoire de suivre l’épopée de son héros qui émerge nettement du lot d’une pourtant séduisante galerie de personnages évoluant autour de lui. Avec ce livre, on voyage. Et Anne Rice nous procure vraiment l’étrange sensation “d’avoir connu” son Lestat. Etait-il un fantasme jaillissant de sa part d’ombre goulûment attirée par ce séduisant vampire ? Qu’importe, car Lestat semble exister, lui et toute sa clique, nous emportant dans sa tornade épique ! Anne Rice nous fait don de son âme avec une crédibilité troublante, pleine de vents décadents. Après une telle démonstration, essayez de vous convaincre que les vampires ne sont que des créatures purement surnaturelles…

« Je serai un symbole, un hors-la-loi, un monstre, un être qu’on adore et qu’on méprise. Je ne peux pas y renoncer. Et franchement je n’ai absolument pas peur ! » Lestat à Louis (Lestat le vampire).

Carmilla

D’abord, c’est pas un pavé

Oui enfin, on est plus en CP, on sait lire autre chose que les Tom-Tom et Nana ou autres Titeuf. Mais bon, au moins ceci excusera les quelques légèretés, voire incohérences, du scénario. Carmilla, ce sont 100 pages, divisées en 16 chapitres. Donc, ça fait environ 6 pages le chapitre. C’est court, et en plus, c’est agréable à lire.

Mais voilà, on peut déjà remarquer cela

L’histoire, je l’ai résumée, et ça fait un peu caricature. Et c’est pourtant pas loin de la vérité. Si Le Fanu avait pris le temps d’y ajouter 100 pages, on aurait pas senti le truc gros comme une cathédrale gothique qu’est la révélation finale sur l’identité de Carmilla.

Bon ok, en lisant Carmilla, je savais que j’allais lire un livre de vampire. Mais au XIXème siècle, Dracula n’était pas encore écrit. Le vampire était connu, mais Sheridan traitait plus les histoires de fantômes dans les châteaux en ruine que les histoires de vampires dans des… euh, tiens, un château en ruine !

Bon, bref, passons sur les clichés de la littérature gothique, à l’époque il ne s’agissait peut-être pas encore de clichés. Mais là, dès l’arrivée de Carmilla, on sait déjà qui elle est ! Ca se sent tellement ! Alors, c’est sans doute fait exprès ? Sans doute oui. Suggérer au lecteur que Carmilla est plus que ce que croient Laura et son père. Mais il n’empêche que pas un instant, en cent pages, pas un instant l’un d’eux fait le lien entre Carmilla et la jeune fille qu’a hébergé leur seul voisin. Et pourtant, il n’y a pas l’air d’avoir beaucoup d’agitation dans le coin. A vrai dire, des meurtres, il doit pas y en avoir tous les jours pas chez eux.

Je résume donc le problème ainsi :
1. Les gentils sont cons
2. Pas nous
3. Je suis sensible à la flatterie, mais là, j’ai l’impression d’être si intelligent que j’aurais pu faire Van Helsing.

Donc, je n’aime pas trop que l’auteur me prenne pour un con.

Qu’il est méchant ! Mais il a quoi contre ce livre ?

Moi ? Ben rien justement ! Maintenant que j’ai dit ce qu’il y avait de déplaisant à dire, passons à l’éloge, et là, j’ai autant, voire plus, de choses à dire. Ce livre est une merveille. Le roman se présente sous la forme de confidences rédigées par Laura des années après. Du coup, Laura malgré toute sa connerie paraît fort attachante. Sublime mélange de niaiserie et de pureté, elle est la cible parfaite pour le vampire Carmilla. Et Carmilla ? Pareille, sublime demoiselle ! La grâce d’un félin (elle se change en chat noir), le mystère d’une Marilyn Monroe en fin de carrière (pourquoi j’ai choisi cet exemple ? je vois pas le rapport) et les talents de libertine tentatrice font de cette merveilleuse adolescente un archétype de femme fatale, de vamp, de femme vampire belle et fragile en opposition à la robustesse d’un Lord Ruthven ou d’un Dracula. Car Carmilla fait fragile, limite malade. Carmilla, c’est la gamine de 15-17 ans avec l’air pâle et les yeux mornes, habillée de noir et ne bouffant rien pour ressembler à Avril Lavigne. Enfin, c’est ça mais au XIXème siècle. Et donc, elle n’en est que plus touchante.

En parlant de toucher, il faut aussi saluer les scènes osées, érotiques, délicieusement suggérées par Le Fanu. Les allusions lesbiennes, l’attirance de Laura pour Carmilla, les regards et les gestes tendres de Carmilla pour sa proie… C’est plus qu’implicite, là, alors quand je vois la retenue de [Stoker->48], qui pourtant écrit 25 ans plus tard, je me dis que Le Fanu était tout de même plus subversif. Carmilla, c’est l’histoire d’amour impossible, la vie et la mort, la femme et la femme… Et Carmilla, c’est le sexe aussi (dixit Frankie Vincent), le libertinage contre la morale puritaine, le blasphème contre un dieu en perte d’influence… Bref, dans Carmilla, il y a les ingrédients du vampire.

Carmilla est LE vampire féminin

Il reste une référence en la matière. Il est seulement dommage de constater que la plupart des adaptations cinématographiques du livre étaient prétextes à quelques scènes de baisers lesbiens, entre quelques pin-ups aux gros seins. Le potentiel de l’œuvre a-t-il donc été occulté ? Peu importe, Carmilla Karnstein restera dans nos esprits aux côtés de Dracula ou de Lestat, comme un vampire puissant et charismatique, dégageant une réelle aura envoûtante.

Note : 9/10

Comme je le dis, il vaut pour moi autant que Dracula. Les quelques défauts du scénarios sont pardonnés par la présence de Carmilla, un personnage génial, mythique. Quelques scènes qui resteront dans votre mémoire, comme l’arrivée de Carmilla ou la fin dans le château en ruine des Karnstein. On sait l’impact que ce livre a eu sur Bram Stocker.

Note : Pour ceux qui ont des problèmes de budget, Carmilla est entièrement téléchargeable sur internet. Ceci dit, il est en vente au prix de 2/3 € dans le commerce, comptez donc pas sur moi pour vous donner le lien.

Lestat le vampire

On pourrait même se prendre à rêver à une hypothétique rencontre avec cette ombre tourmentée oscillant entre deux mondes, rien que pour panser les plaies de son cœur meurtri balançant entre le plan des mortels et celui des non morts prédateurs impénitents parfois bien malgré eux.

Tous les vampiromanes épris de beauté, de voyages et de liberté ne peuvent que tomber sous le charme de ce Lestat anarchiste, assoiffé de renommée obsessionnelle, qui se lance à crocs éperdus dans l’exploration des sources vampiriques originelles. Un vampire galopin, libre penseur, attendrissant, farouchement opiniâtre, n’écoutant que ses propres lois, refusant ainsi de totalement mourir au monde et à ses êtres.

Oui, on devient véritablement addict au périple acharné de cette créature orpheline emplie de volonté indomptable, toujours habitée par cette étincelle d’humanité instinctive. Cette petite flamme vivace n’attend qu’un signal de notre part pour s’affranchir à jamais de toute aliénation imposée, luttant contre toute forme d’oppression. Comme si au fond, cette lueur nous soufflait “Soyez toujours vous-même, envers et contre tous ! Si vous vous sentez différents, montrez-le à la face de l’univers, hurlez-le sous les projecteurs, soyez-en fier car vous êtes beaux et forts d’être ce que vous êtes !”

Par conséquent, je pense que quelque part, tapi au creux de notre être, la “lueur d’un Lestat” sommeille. Oui, j’ai envie d’affirmer que ce cher Lestat représente l’arrogant porte-parole des causes marginalisées par la société.
Il apparaît ici au paroxysme de sa gloire, traversant les siècles doté du panache d’un dieu intemporel et brillant !

Anne Rice s’impose ici comme une maîtresse es vampire incontournable en livrant cette œuvre magistralement conçue.

Il a été, pour ma part, jubilatoire de suivre l’épopée de son héros qui émerge nettement du lot d’une pourtant séduisante galerie de personnages évoluant autour de lui. Avec ce livre, on voyage. Et Anne Rice nous procure vraiment l’étrange sensation “d’avoir connu” son Lestat.

Etait-il un fantasme jaillissant de sa part d’ombre goulûment attirée par ce séduisant vampire ? Qu’importe, car Lestat semble exister, lui et toute sa clique, nous emportant dans sa tornade épique ! Anne Rice nous fait don de son âme avec une crédibilité troublante, pleine de vents décadents.

Après une telle démonstration, essayez de vous convaincre que les vampires ne sont que des créatures purement surnaturelles…

Soie Sauvage

Tatouage, araignée, sexe, sang, mort, chair, peau, souffrance, matières, telles sont les principales thématiques de ce roman qui évite les lieux communs pour nous proposer une histoire originale et très intense. Avec en cadeau, deux excellentes nouvelles accompagnant le roman : Penthouse et Oeuvre de chair. Ce roman a également obtenu le prix de l’Armée des 12 singes (prix du jury, catégorie “premier roman”).

Tourmentes physiques et arachnides

Je ne suis pas du tout fan des romans introspectifs pour jeunes adolescentes. Aussi, je me suis bien méfié en lisant la 4ème de couv, en gros “une jeune fille qui se fait faire un tatoo et qui découvre la vie”.
C’est donc avec énormément de circonspection que j’ai attaqué ce roman. Je ne l’ai pas lâché jusqu’à la fin. Ou si, de temps à autres, je sortais la tête du livre pour respirer un grand coup, tant l’atmosphère est oppressante.

Ecriture synesthésique

Fabienne Leloup aime la peau (elle le confirme dans son interview). Elle aime ses sensations ultimes, plaisir ou douleur. Son écriture se base sur ces interrogations charnelles. Mais elle aime aussi les odeurs, les sons, les goûts et les scènes chocs. Aussi sa lecture s’apparentera à une plongée dans son univers, un univers bourré de stimuli sensoriels.
Ce style extéroceptif (avez que ça fait classe un mot comme ça) nous rappelle fortement celui de Poppy Z Brite, cru et intensément vrai.
Ici, nous ne sommes pas dans de la métaphore, nous sommes dans de la description réaliste.
Et ça marche. On se laisse entraîner doucement par ce style immersif jusqu’à ressentir (pour les plus empathiques d’entre nous) les souffrances et plaisirs de Barbara.

Tatouage vampire et passage à l’âge adulte

Le roman “soie sauvage” est un roman sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte, le passage du monde des rêves à celui des réalités.
Barbara, prisonnière de rapports conflictuels avec sa mère, envieuse de la simplicité superficialité de sa soeur, perdue dans le monde réels, et effrayé par ses envies envers les hommes, va devenir une femme en se faisant tatouer une araignée dans le dos.

Ce qui pourrait être une publicité pour un mauvais tatoueur “faites vous tatouer et devenez une femme”, va devenir une malédiction.
Pourquoi devenir une femme si c’est pour renier ce que vous êtes ?
Oui, Barbara va devenir belle et va connaître quelques plaisirs suprêmes. Pourtant elle deviendra quelqu’un d’autre dans ce processus.

A quoi sert de devenir un adulte si c’est pour être quelqu’un d’autre. Si c’est pour se perdre en route et tout donner à la femme araignée ?
Voilà l’une des nombreuses questions que l’on va se poser lors de la lecture de ce roman

Les autres nouvelles sont elles aussi d’excellentes qualités et tournent autour des thématiques de la souffrance, de la mort et de l’amour, nous rappelant les thématiques du Livre de Sang de Clive Barker (sexe, mort, souffrance et plaisir).

Conclusion

Que se soit par sa forme ou par son fond, ce livre est assez exceptionnel et révèle une jeune auteur pleine de promesses.
Néanmoins, il ne s’agit pas d’un livre de fantasy pour enfants. Entre la lecture à plusieurs niveaux et le style empathique de ce livre, je le déconseille aux jeunes enfants. Surtout aux jeunes filles en fleurs. Les personnages masculins sont en effet assez mal peints dans ce roman. Soit faibles et dominés, soit Violeurs violents couverts de sueurs. Ces hommes ont une image négative de proies ou de prédateurs concurrents de l’araignée.
Ce serait dommage que les jeunes filles imaginent que les hommes sont tous comme ça. Non, y’en a des sympas (regardez, moi par exemple…;).
De plus, certaines descriptions de pratiques charnelles (pas uniquement sexuelles) risquent d’être assez traumatisantes pour ceux qui ne sont pas habitués.

Je déconseille donc ce livre aux plus jeunes, tout en le recommandant chaudement aux plus vieux, surtout ceux qui aiment Clive Barker et Z Brite, ils ne seront pas dépaysés.

Résumés

soie_sauvageSoie sauvage
Barbara, jeune fille effacée, renfermée sur elle même dans un climat familial étouffant est fascinée par les araignées, les trouvant à la fois répugnantes et admirables.
Un jour de grande chaleur, Barbara tombe amoureuse du tatouage (ou de l’homme qui le porte). Elle décide pour devenir enfin adulte de se faire tatouer une femme araignée sur le dos, qu’elle baptise “Arachné” en référence à la déesse grecque.

Seulement, sous le mélange des désirs refoulés de la jeune fille, de l’intensité de la haine inexprimée qu’elle ressent envers sa mère et sa soeur, ainsi que la magie ancestrale du tatouage, l’araignée devient vivante et indépendante.

Elle va pousser Barbara à devenir une femme-araignée, sans pitié, sans remords, belle, troublante, érotique et mortelle…

Penthouse
Abel est un des gardiens de la morgue. Comme les autres gardiens, il loue les morts à des nécrophiles qui veulent se faire plaisir. Seulement Abel n’est pas comme les autres, et cette fois, le mort non plus.

Œuvre de chair (avec Alain Dorémieux)
Moïra est une artiste. Pas une artiste qui a acheté son diplôme aux beaux arts, non, une vraie artiste qui se sacrifie pour aller au bout de sa démarche. Et là, elle présente l’apothéose de sa carrière. Une oeuvre de chair et de sang.