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The Vampire de Kipling (1897)

Rudyard Kipling

Kipling est l’un des plus grands de la littérature anglaise. Pourtant on l’a souvent critiqué, l’accusant de glorifier un colonialisme destructeur.
Sauf que Kipling est quand même l’auteur (entre autres) du splendide livre de la jungle qui prouve simplement qu’il était en phase avec les bêtes mais aussi les hommes. Il est également l’auteur de If, l’un des plus beaux textes sur la condition adulte (j’en connais peu comme ça).

The Vampire quant à lui aurait été écrit après que Kipling ait découvert la superbe peinture de Philip Burne-Jones, The Vampire.

The vampire

vampire_kiplingA FOOL there was and he made his prayer
(Even as you and I!)
To a rag and a bone and a hank of hair
(We called her the woman who did not care),
But the fool he called her his lady fair
(Even as you and I!)
Oh the years we waste and the tears we waste
And the work of our head and hand,
Belong to the woman who did not know
(And now we know that she never could know)
And did not understand.

A fool there was and his goods he spent
(Even as you and I!)
Honor and faith and a sure intent
But a fool must follow his natural bent
(And it wasn’t the least what the lady meant),
(Even as you and I!)

Oh the toil we lost and the spoil we lost
And the excellent things we planned,
Belong to the woman who didn’t know why
(And now we know she never knew why)
And did not understand.
The fool we stripped to his foolish hide
(Even as you and I!)

Which she might have seen when she threw him aside—
(But it isn’t on record the lady tried)
So some of him lived but the most of him died—
(Even as you and I!)
And it isn’t the shame and it isn’t the blame
That stings like a white hot brand.
It’s coming to know that she never knew why
(Seeing at last she could never know why)
And never could understand.

Le revenant – Baudelaire

Charles Pierre Baudelaire – in. Les Fleurs du Mal

fleurs du mal vampireComme les anges à l’œil fauve,
Je reviendrai dans ton alcôve
Et vers toi glisserai sans bruit
Avec les ombres de la nuit,

Et je te donnerai, ma brune,
Des baisers froids comme la lune
Et des caresses de serpent
Autour d’une fosse rampant.

Quand viendra le matin livide,
Tu trouveras ma place vide,
Où jusqu’au soir il fera froid.

Comme d’autres par la tendresse,
Sur ta vie et sur ta jeunesse,
Moi, je veux régner par l’effroi.

Les métamorphoses du vampire – Baudelaire

Charles Pierre Baudelaire – in. Les Fleurs du Mal

baudelaire vampireLa femme cependant, de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu’un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc :

” Moi, j’ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d’un lit l’antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.

Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles !
Je suis, mon cher savant, si docte aux Voluptés,
Lorsque j’étouffe un homme en mes bras redoutés,
Ou lorsque j’abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d’émoi,
Les anges impuissants se damneraient pour moi ! ”

Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d’amour, je ne vis plus
Qu’une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus !

Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante,
Et quand je les rouvris à la clarté vivante,
A mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d’eux-mêmes rendaient le cri d’une girouette
Ou d’une enseigne, au bout d’une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d’hiver.

Le Vampire – Baudelaire

Charles Pierre Baudelaire – in. Les Fleurs du Mal

baudelaire vampireToi qui, comme un coup de couteau.
Dans mon coeur plaintif est entrée;
Toi qui, forte comme un troupeau

De démons, vins, folle et parée,
De mon esprit humilié
Faire ton lit et ton domaine.

–Infâme à qui je suis lié

Comme le forçat à la chaîne,
Comme au jeu le joueur têtu,
Comme à la bouteille l’ivrogne,
Comme aux vermines la charogne,

–Maudite, maudite sois-tu!

J’ai prié le glaive rapide
De conquérir ma liberté,
Et j’ai dit au poison perfide
De secourir ma lâcheté.

Hélas! le poison et le glaive
M’ont pris en dédain et m’ont dit:
« Tu n’es pas digne qu’on t’enlève
A ton esclavage maudit,

Imbécile!–de son empire

Si nos efforts te délivraient,
Tes baisers ressusciteraient
Le cadavre de ton vampire! »

Introduction à la poésie vampirique

Bon, ok, la poésie, tout le monde s’en fout…
Y’a bien deux trois romantiques qui préfèrent lire du Rimbaud plutôt que d’écouter du Marylin Manson (je ne parle pas de ceux qui font semblant pour pouvoir se taper leur copine goth). Mais des vrais amateurs de poésie, y’en a pas des masses. Et leur nombre fond comme neige au soleil.

Pourtant, la poésie c’est un peu comme un rayon de lune sur une pierre tombale fraîchement retournée. C’est inattendu, frais, magique et plein de messages que chacun interprétera à sa manière.

Alors juste pour voir, lisez donc certains de ces poèmes, lisez les vraiment. Ecoutez les. Imprégnez vous en. Et peut-être qu’un jour béni, vous aussi vous serez sensible à la poésie…

  • 1748 – Heinrich August Ossenfelder : “Der Vampir”
  • 1773 – Gottfied August Bürger : “Lenore” traduit de l’allemand par Gérard de NERVAL.
  • 1797 – Johann Wolfgang von Goethe : “Die Braut von Korinth” (La fiancée de Corinthe)
  • 1798 – Samuel Taylor Coleridge : “Cristabel”
  • 1800 – Robert Southey : “Thalaba the Destroyer”
  • 1810 – John Stagg : “The Vampyre”
  • 1813 – Lord Byron : “The Giaour”
  • 1820 – John Keats : “La Belle Dame Sans Merci”
  • 1819 – John Keats : “Lamia”
  • 1833 – Henry Liddell : “The Vampire Bride”
  • 1845 – James Clerk Maxwell : “The Vampyre”
  • 1855 – Charles Baudelaire : “Le vampire”, “Les métamorphoses du vampire”, “Le revenant”, “La Fontaine de Sang”
  • 1864 – Théodore de Banville : “Polichinelle vampire”
  • 1897 – Rudyard Kipling : “The vampire”