Category Archives: Les auteurs vampiriques

Lamia, reine des vampires de Marie-Danielle Merca (chronique)

“La beauté est un jardin sauvage…”
Anne Rice (Entretien avec un vampire)

Pour sa première publication, cette toute jeune auteure de littérature de genre fantastique nous a livré une novella destinée au jeune public féru de bit lit.
Dans un style épuré, Marie-Danielle Merca nous dévoile ainsi la destinée tumultueuse d’une jeune vampire, guerrière et reine.

L’originalité manifeste de ce court roman réside dans la traversée historique et mythologique de l’héroïne. Ainsi, on retrouve au cœur de “Lamia, reine des vampires” de familières figures inhérentes au mythe vampirique ayant pour toile de fond la mythologie grecque. “Lamia, reine des vampires” se révèle telle une épopée s’envolant à toute vitesse, pour scintiller au coeur de la littérature jeunesse éprise de mythologies et passionnée d’amours romantiques.

L’héroïne, belle et insoumise, évoque la plupart des adolescentes qui sauront, sans doute, s’identifier à merveille à elle.
De plus, l’auteure donne ici la part belle à une héroïne de couleur qu’on pourrait fort imaginer incarner son double, ce qui fait plaisir à lire ; les héros vampiriques de couleur et métissés se faisant encore bien rares au cœur du panthéon des créatures dentues.

“Moi, Hadès, Maître du Royaume sous-terrain, je peux t’aider à assouvir ta vengeance…”
Marie-Danielle Merca, extrait de “Lamia, Reine des vampires”

Certes, Lamia, la fière reine du continent Africain tant jalousée par les déesses de l’Olympe, finira par perdre sa sombre et jolie couleur originelle, tout comme sa vie de mortelle, en renaissant à sa non-mort. Comme si, inconsciemment sans doute, l’auteure répondait là aux attentes d’une certaine société trop encline, hélas, à la discrimination envers les personnes de couleur.
Dixit la remarque d’une servante de la reine Lamia considérant la mutation vampirique de cette dernière et s’étonnant ainsi de sa pâleur amplifiée…
Bien entendu, certains lecteurs pourront surtout regretter le rythme fulgurant de cette novella vampirique qui se déroule tel un rêve fugace. Un récit empreint d’une belle dose imaginative et pleine de finesse relative à l’écriture.

La novella “Lamia, reine des vampires” est à commander via le site de Thebookedition : http://bit.ly/avSBw0
A noter : l’illustration de “Lamia, reine des vampires” est de Yohan Merca, le frère de Marie-Danielle Merca, dont je salue aussi le grand talent, ce jeune dessinateur maîtrisant son art à la perfection.

Fred Saberhagen

arton381-26693Fred Saberhagen est né le 18 mai 1930 à Chicago et est décédé le 29 juin dernier.

Cet écrivain américain de science fiction est très connu pour sa série Berseker. Il a également (et c’est pour ça qu’il est là) écrit une série de nouvelles vampiriques, et également la série des Dracula .

Bibliographie Dracula :
– The Dracula Tape – Les confessions de Dracula (1975)
The Holmes-Dracula File – Le dossier Holmes-Dracula (1978)
– An Old Friend of the Family (1979)
– Thorn (1980)
– Dominion (1982)
– A Matter of Taste (1990)
– A Question of Time (1992)
– Seance for a Vampire (1994)
– A Sharpness on the Neck (1996)
– A Coldness in the Blood (2002)

Le premier (Dracula Tape) est la reprise du Dracula de Stoker, mais du point de vue de Dracula. Dans la suite, Dracula devra échapper à Van Helsing, et il rencontrera Sherlock Holmes et même Merlin

Je ne sais pas vraiment si son style nous manquera (vous pouvez lire à ce propos la critique du dossier Holmes-Dracula. Mais il avait beaucoup d’imagination, on ne peut pas le nier. Pour ma part, je l’ai préféré dans son association avec l’exceptionnel Roger Zelazny dans des romans comme Engrenages, ou le Trône noir.

A lire absolument : une interview avec Saberhagen sur VDN et sa bio sur vampirisme.com.

Jean Marigny

Bibliographie

Publications :
– 1985, Le Vampire dans la littérature anglo-saxonne (Didier-Érudition) – thèse soutenue en 1983.
– 1993, Sang pour sang: le réveil des vampires (Découvertes/Gallimard)
– 2003, Le vampire dans la littérature du XXe siècle (Honoré Champion)
– 2003, [La maison du vampire->323] (traduction du roman de GS Viereck)

Anthologies :
– 1978, Histoires anglo-saxonnes de Vampires (Librairie des Champs-Élysées)
– 1997, Les Vampires: Dracula et les siens – avec Roger Bozzetto (Omnibus).
– 1997, Dracula: direction d’un ouvrage collectif à l’occasion du centenaire du roman de Stoker en (Autrement, collection “Figures mythiques”)
– 2004, Les Mondes Perdus de Clark Asthon Smith

A participé ou préfacé également les ouvrages suivants :
– 1999, Visages du vampire (dirigé par Barbabra Sadoul)
– 1999, Vampire, portrait d’une ombre de Léa Silhol (avec également Alain Pozzuoli)
– 2005, Dracula, le lexique du vampire d’Alain Pozzuoli (préface de Jean Marigny)
– 2005, [Le vampire au fil des siècles : Enquête autour d’un mythe->254] de Estelle Valls de Gomis (préface de Jean Marigny)

Entretien avec Sire Cédric

Sire Cédric ressemble à un vampire, on ne peut le nier. Grand, beau, et pourvu de canines proéminentes, on peut l’apercevoir la nuit, glissant comme une ombre de rencontres aléatoires en surprises programmées.

Car Sire Cédric est comme ses livres. D’une douceur contemplative qui révèle une âme sombre et morbide. On le prendrait pour un ange si son regard ne trahissait ses démons intérieurs.

Afin de découvrir l’homme derrière l’auteur, voilà une petite série de questions (idiotes pour la plupart, c’est Cyroul qui les a écrites, ne l’oubliez pas) destinées à mieux cerner le personnage.

Alors vous voudrez bien excuser la lumière inexistante, le son pourri, les questions mal posées et les transitions nazes. Mais n’oubliez pas qu’on boit bien (et beaucoup) d’absinthe à la Cantada. Et l’absinthe, ça n’aide pas à faire de bons films (je cherche d’ailleurs toujours un mécène richissime pour m’acheter une caméra, un caméraman et un preneur de son)…

Bram Stoker

stokerLe pauvre Bram a mal commencé sa vie, car il passa une grande partie de son enfance dans son lit. Enfin, mal commencé, ça dépend pour qui. _ Personnellement ça ne m’aurait pas dérangé. J’aime bien traîner au lit, de préférence pas seul et avec un bon film de vampire à la télé. Même si ce genre de films est une denrée de plus en plus rare à trouver (il n’y en a plus que sur Arte ou sur le câble, les autres chaînes étant vendues aux bouses hollywoodiennes).
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Entretien avec Manou Chintesco

Cyroul : Bonjour Manou, tout d’abord les questions évidentes: qui es-tu et d’où viens-tu pour rentrer comme ça dans le monde de la nuit ?

Manou : Je pense avoir toujours fait partie du monde de la nuit. J’ai longtemps travaillé la nuit, ne serait-ce que lorsque je faisais mes études. Tous les gens qui écrivent te diront que c’est la nuit qui leur convient le mieux. Par la suite, j’ai continué puisque je me suis retrouvée dans la presse musicale et que c’est la nuit qu’avaient lieu les événements qui nous intéressaient. Je n’ai jamais eu le loisir d’interviewer un groupe à dix heures du matin ! ;o)

C : Pourquoi écris-tu sur les vampires et pas sur les sorcières ou les loups-garous ?

M : Déjà, parce que je suis d’origine [roumaine->5] et que c’est pour moi une façon détournée de me réapproprier mes racines, ensuite par ce que le vampire est selon moi la créature imaginaire la plus romantique jamais inventée. Dans la mythologie roumaine, sache que le loup-garou n’est autre qu’un vampire. On l’appelle le “[Pryccolitch->5]”. C’est un “Strigoï” qui tourne trois fois sur lui-même les nuits de pleine lune et se transforme en loup pour “manger la lune“. La plupart des gens l’ignorent, c’est dommage. Un mythe, quel qu’il soit, a toujours eu pour fonction première d’expliquer l’inexplicable. Les paysans roumains ont inventé le loup-garou pour éclaircir le mystère des croissants de lune. Je trouve cela d’une poésie absolue.

C : Quel est définitivement ton film de vampire préféré ?

M : Tout dépend de mon humeur… Sérieusement, je choisirais “Nosferatu” de Werner Herzog avec Klaus Kinski. Moins sérieusement, ce serait “Vampire’s kiss” de Robert Bierman avec Nicolas Cage.

J’aime aussi beaucoup les nanars, c’est à dire les films complètement ratés avec des comédiens qui jouent mal, des dialogues ridicules et des fautes de raccords… ;o)

C : Et ton livre vampirique ?

M : En littérature, [Dracula->170] me semble incontournable. Stoker a un style aussi soutenu que Stendhal et son intrigue est parfaite. Il faudrait que tout le monde le lise. Je trouve désolant que les gens ne connaissent Dracula qu’à travers le cinéma alors qu’aucun cinéaste n’a jusqu’ici été capable d’égaler le roman.

Dans un tout autre registre, j’ai beaucoup aimé l’ouvrage de Michaël Ranft intitulé “De la mastication des morts dans leurs tombeaux“.

C : Le meilleur acteur vampirique, c’est Bela Lugosi, Christopher Lee, Tom Cruise ou Eddy Murphy ?

M : J’ai beaucoup de tendresse pour Bela Lugosi (c’est d’ailleurs le nom d’un de mes chats), mais mon favori reste Klaus Kinski. Il est le seul à avoir su faire passer dans son jeu la subtilité de la personnalité du vampire. Il est à la fois effrayant et touchant, féroce et désespéré. Sublime comédien !

C : Que penses-tu des gens qui se prennent réellement pour des immortels et que l’on peut croiser parfois à la tombée de la nuit ?

M : Deux catégories de personnes font cela. Il y a de petits naïfs prêts à croire à n ‘importe quelle bêtise et qui “se font des films“. Ceux-là sont les victimes de l’obscurantisme au même titre que les adeptes d’une secte. Peu de personnalité et un fâcheux manque de savoir engendrent en général des croyances fantaisistes. Il y a aussi, et c’est plus grave encore, de vrais malades, des schizophrènes qui auraient plus leur place en hôpitaux psychiatriques que dans les rues. Heureusement pour nous, ils sont plutôt rares !

C : Que penses-tu de ces jeunes qui écrivent dans la vraie vie avec un style SMS ?

M : Qu’ils réduisent leurs chances. Ne pas savoir écrire correctement (tout comme ne pas savoir parler correctement) fait que l’on est incapable d’exprimer clairement sa pensée et, de ce fait, que l’on ne peut se faire comprendre par les autres. À la longue, cela ne peut que générer des frustrations.

C : Tu as dit vouloir t’éloigner de l’étiquette gothique. Pourquoi ? Elle gratte ?

M : J’ai toujours eu beaucoup de mal avec l’étiquetage… Je trouve cela affreusement réducteur, que cela concerne la musique, les vêtements, la pensée ou, plus grave, les milieux socioculturels et les origines raciales. Je suis quelqu’un d’éclectique. J’écoute aussi bien Bowie que Rage Against The Machine en passant par la musique baroque et Tom Waits. Quant aux vêtements, il est vrai que je les préfère noirs mais c’était aussi le cas de Barbara et de Zorro… J’ai des amis qui s’habillent de toutes les couleurs et n’aiment pas forcément tout ce que j’aime. J’ai toujours été incapable de m’identifier à un mouvement quel qu’il soit et c’est tant mieux.

C : Tu as une nuit à passer dans un cimetière avec une bougie et un bouquin. Quel auteur choisis tu ? Edgar Poe, Neil Gaiman, Poppy Z. Brite, Anne Rice, Voltaire ou autre ?

M : Sans la moindre hésitation, je prendrais “Le dictionnaire philosophique” de Voltaire. Mais je dois avouer que je préfèrerais le lire sur une plage de Thaïlande, avec une bouteille d’huile solaire, plutôt que dans un cimetière ! ;o)

C : Tu es devant un jeune goth de 14 ans qui te dis que la vie n’a pas d’avenir parce que c’est Marilyn Manson qui l’a dit, que fais-tu :
– Tu lui donne une baffe ?
– Tu lui donne une baffe et tu lui demande pourquoi il te parle ?
– Tu lui donne une baffe et tu lui expliques que c’est pour son bien et qu’un jour il comprendra ?
– Tu lui donne un livre ? Lequel ?
– Autre réponse ?

M : Un artiste est avant tout un créateur d’univers et un faiseur d’artifices. Marilyn Manson est une fabuleuse bête de scène qui sait à merveille manier la provocation. C’est un type très intelligent et un grand professionnel qui incarne un personnage tout comme le ferait un comédien. Voilà ce que je dirais au jeune goth de 14 ans. J’essaierais de lui expliquer qu’il faut prendre du recul. De plus, je lui rappellerais que Manson est américain et que sa provocation vise particulièrement la société américaine ultra-réactionnaire dans laquelle la morale judéo-chrétienne occupe une place aberrante. Dans un tel contexte, les propos de Manson sont des pics visant à ébranler les esprits, mais ce ne sont en aucun cas des dogmes ni des préceptes à suivre.

C : Tu dois partir dans un pays étranger dont tu ne connais rien (à part qu’il est sacrément étranger). Qu’emportes-tu avec toi ?

|Proposition| Réponse de Manou|
|De la Savarine (antipaludéen) |oui|
|Le guide du routard galactique (Douglas Adams)|oui|
|Des pansements |oui|
|Le plan de Disneyland |NON|
|De l’alcool à 90° |oui|
|Des gants en satin |oui|
|Une boussole |oui|
|Ta CB Americain Success (ne partez pas sans elle) |oui|
|Un grigri pour te protéger des mauvaises choses |NON|
|Un livre |oui|
|Des fringues usées |NON|
|Plusieurs paires de chaussures (talons, bottes, crampons, etc.) |oui|
|Une robe de bal en velours |oui|
|De l’Ercefuryl |oui|
|Un autre livre |NON|
|Du coton hydrophile |oui|
|Une compil de mp3 + un baladeur |oui|
|Des pastilles d’hydroclonazone (Micropur) |oui|
|Un couteau de chasse très aiguisé |oui|
|Une amulette antivol (à mettre autour du cou, effet garanti uniquement en Galice) |NON|
|Du Spasfon |oui|
|Le guide des animaux venimeux |oui|
|De la verroterie pour troquer |NON|
|Le guide des champignons comestibles |NON|

M : J’ajouterais mon ordinateur portable, un téléphone-satellite et une caméra numérique Sony PD 200.

C : Tu dois aller manger un soir à Paris avec des amis dans un bon restaurant :
– Tu te plains que le Comte Dracula soit fermé et tu décides de te suicider l’estomac au mc do du coin ?
– Tu te plains que le Comte Dracula soit fermé et tu va manger chez Durandal ?
– Tu te plains que le Comte Dracula soit fermé et tu vas festoyer à la [Taverne medievale->http://www.latavernemedievale.net/] ?
– Tu te plains que le Comte Dracula soit fermé et décides d’arrêter de manger ?

M : Aucune de ces réponses ne me convient… J’irais plutôt manger un steak tartare à la Closerie des Lilas, des sushis chez Koba ou de la cuisine thaï au Lao-Siam.

C : Ce soir c’est la fête, et tu décides d’être la plus belle pour aller danser. Tu fouilles dans ta garde robe et tu en sors …
des doc martens basses, une minijupe cuir noir, des bottes talons hauts (genre domina), une robe noir en dentelle, des collants rayés rouge et noir, de la teinture de cheveux bleus, un anneau de ventre, des base résilles, une robe en stretch noire fendue sur le côté, un blouson en jean, un tshirt rose, des bagues pointues et qui piquent, des porte jaretelles, ton tailleur channel beige, des tas de boucles d’oreille, une robe en velours rouge, des doc martens hautes, ton sac Vuiton un jean troué, une cape en laine noire, un rat (pour mettre sur l’épaule), une chaine (pour mettre autour de la taille), des lentilles blanches et des fausses canines, un déguisement de pikachu géant ou autre ?

M : Des bottes mi-cuissardes juste au-dessus du genou (style premier empire), des collants noirs transparents, une robe courte sans manches, des bijoux afghans en argent massif et une veste en cuir très près du corps (genre “chapeau melon et bottes de cuir”).

C : Ce soir tu as décidé de rester à la maison, tu décides :
|Proposition| Réponse de Manou|
|D’écrire ton prochain roman ? | Possible|
|De tuer encore quelques sim’s (barbare va) ? | Oui |
|De photographier ton chat ?| Non|
|De manger ton chat ?| Non |
|De dormir ? | Non|
|De chatter sur internet avec des inconnus ?| Non ou alors sur [habbohotel->http://www.habbohotel.fr/]|
|De te promener sur le web pour voir comment le monde est grand ? | Non|
|De faire une réunion des membres de la [Sainte Eglise du Coton-Tige Electrocosmique->http://www.manoucratie.com/tige.htm] ?| Non, il n’y a heureusement pas de membres !|
| Autre ? | De m’occuper de mon aquarium amazonien et de donner à manger à mon sublime scalaire XL.|

C : Un policier te demande tes papiers. Tu n’a que le catalogue des Utopiales 2004 sur toi. Il est hélas indiqué sur celui-ci que tu es de nationalité roumaine. Le policier croyant que tu es une clandestine t’embarque. Que fais-tu?
– Tu chantes l’hymne national de la Roumanie ?
Non, je ne le connais pas.
– Tu essaies d’expliquer la différence entre origine et nationalité au policier béat ?
Oui
– Tu lui lances ton pied entre les jambes et prends les tiennes à ton cou pendant qu’il se roule de douleur par terre (mais il l’a bien cherché) ?
Non
– Tu lui dit que tu connais du monde et que ton ancêtre Vlad Tepes va lui croquer le cou s’il continue ?
Pourquoi pas… ;o)
– Tu lui dis que tu ne comprends pas et que tu ne parles pas sa langue.
Bonne idée ! ;o)

C : Entre Cagliostro, le comte de Saint-Germain et Nicolas Flamel, qui doit vivre le plus longtemps et pourquoi ?

M : Yé né comprins pô la kestion… ;o))

C : Tu pars te recentrer dans un stage de 3 mois au fin fond du Népal. Tu n’oublies pas ton baladeur mp3. Mais qu’as tu mis dedans comme musique ?

M : La tétralogie de Wagner, “La Traviata” de Verdi, “Young Americans” de Bowie, Rammstein, Alessandro Scarlatti, John Potter, “Small Changes” de Tom Waits, “The Idiot” de Iggy Pop, Faith No More, Cypress Hill, Jacques Brel, … Etc.

C : Une jeune fille aux cheveux noirs te tire les cartes. Quel arcane va-t-elle forcement tirer en premier ?

M : Elle n’en aura pas le temps, car je pense que je lui aurai arraché son tarot des mains bien avant !

C : Le titre de ton prochain roman est ? Et de quoi va-t-il parler ? (on peut toujours essayer ;o)

M : Il est possible que j’écrive la suite des “Compagnons d’Hela“, mais rien n’est certain. Je ne décide du titre que lorsque j’ai terminé d’écrire. Je n’en ai donc aucune idée.

C : Merci Manou et on espère un très grand succès pour les Compagnons d’Héla.

Entretien avec Edouard Brasey

Morsure : Bonjour Edouard, première question, quelle est l’histoire de ce roman ?

Edouard : Il s’agit d’un roman gothique, fondé sur l’idée d’un carnet de route, d’un journal intime retrouvé dans un manoir en ruines, un peu à la manière des romans de la fin du XIXe siècle comme Dracula de Bram Stocker, que je cite d’ailleurs en épigraphe. L’action du roman débute d’ailleurs en 1897, année de publication de Dracula.
Le récit est narré par un jeune homme de 17 ans, Raoul Folerrand, qui se réfugie dans un mystérieux manoir où demeure une femme somptueuse et sans âge, la marquise de Mortemare, et son mari, vieillard cacochyme.
Les nuits de pleine lune, on perçoit les hurlements d’un loup garou qui rôde dans la région. Raoul tombe sous la coupe de la marquise, devient son amant… et peu à peu découvre les terrifiants secrets qui hantent ce manoir…

Morsure : T’es-tu documenté ? Sur quels sujets ?

Edouard : Je me suis beaucoup documenté sur les métamorphoses des loups-garous et les différents types de vampirisme, notamment le vampirisme sexuel qui est l’un des sujets de ce roman. J’ai également étudié l’histoire des mouvements ésotériques “noirs” qui ont existé au milieu du XIXe siècle en Allemagne et ont inspiré, un siècle plus tard, le national-socialisme.

Morsure : Pourquoi avoir situé l’intrigue à cette époque ?

Edouard : Parce que tout ce que l’on connaît des racines occultes du national-socialisme – révélées notamment dans Le Matin des magiciens de Pauwels et Bergier – trouve son origine dès 1850 avec le réveil nationaliste de la Prusse ou des mouvements anarchistes et révoltés comme les “Werewolf”, les “loups-garous”. Tout cela est pratiquement inconnu aujourd’hui, et pourtant cela permet de comprendre beaucoup de choses sur la naissance et le développement ultérieur de mouvements fascistes ou nazis.

Morsure : Les lecteurs éclairés remarqueront une dédicace cachée à Claude Seignolle, grand maître romancier de l’imaginaire populaire. D’où connais-tu Seignolle ? Et pourquoi cette dédicace ?

Edouard : Nous sommes peu à nous intéresser à la fois au fantastique et au folklore. Seignolle m’a fait l’honneur de lire certains de mes livres et de m’écrire pour m’en dire grand bien. Il m’envoie aussi ses livres avec de gentilles dédicaces et parfois me téléphone pour me raconter des histoires incroyables. J’ai voulu lui rendre cet hommage discret, en le rebaptisant C. Saignol, notaire à Saint-Viâtre. Seignolle a joué le jeu en m’écrivant une lettre dans laquelle le notaire présumé raconte comment il est tombé, voici près de soixante ans, sur ce fameux manuscrit retrouvé dans un manoir en ruines, et qui fait l’objet du roman. Sur le dos de la lettre, il y a une photo de Seignolle en train de me tirer la langue.

Morsure : La première scène d’amour entre Clarimonde et Raoul est quasiment le récit d’une séance de vampirisation pratiquée par certains vampires sexuels. Cette scène est très bien décrite et très inspirée. As-tu déjà été victime de ces pratiques ? Etais-tu victime coopérante ou malgré toi de ce vol d’énergie vitale ?

Edouard : Il y a une quinzaine d’années, j’ai beaucoup enquêté sur la magie, la sorcellerie, etc. Cela a donné lieu à mon Enquête sur l’existence des anges rebelles, épuisée aujourd’hui. J’avais notamment étudié les phénomènes d’incubat et de succubat, obtenu des témoignages. J’ai même, parfois, été la victime involontaire de la visite nocturne de certaines sorcières… Mais cela est une autre histoire.
Je précise qu’aujourd’hui j’ai totalement rompu avec l’univers assez glauque de la sorcellerie, qui ne m’intéresse plus que sur le plan littéraire.

Morsure : Au milieu du livre, les amateurs de tarot que nous sommes, nous rendons compte que cette histoire nous est étrangement familière. Et effectivement, nous sommes à l’intérieur de l’arcane XVIII de La Lune. Est-ce volontaire ou inconscient de ta part ? Cette arcane est pour moi la plus complexe du tarot de Marseille. Quelle signification a t’elle pour toi ?

Edouard : J’ai bien entendu voulu faire référence à cette lame du Tarot, qui m’intrigue autant que toi. Les chiens – ou loups ? – hurlant à la lune, les tours rappelant le manoir de Mortemare, le lac de l’Ecrevisse où Clarimonde de Mortemare “initie” Raoul au vampirisme sexuel. Quant à interpréter cette lame, j’en suis incapable. Je préfère en suggérer le mystère en mettant en scène les images et les symboles.

Morsure : Le personnage d’Hagen est effrayant de réalisme et ton incarnation dans ce personnage maléfique est complète. As-tu écrit possédé ou maître de toi ? Comment as-tu fait pour ne pas te transformer en loup-garou en écrivant ces mots ?

Edouard : Oui, j’ai voulu entrer dans la peau du Mal absolu et écrivant la confession de ce personnage effrayant, en suivant la logique d’endoctrinement militaire et d’initiation de magie noire qu’il a reçus. En poussant les choses au bout, y compris dans la damnation qui est le châtiment final de ce héros sombre. Pour me préserver des atteintes psychiques qu’aurait pu avoir sur moi la “possession”, fut-elle littéraire, de ce monstre, j’ai eu soin d’en écrire les pages les plus terrifiantes dans un monastère où j’ai accompli une retraite. Les prières et liturgies quotidiennes me permettaient de ne pas “péter les plombs” et de demeurer dans la “voie droite” de la spiritualité. Mais j’ai conscience que le danger de chute est réel.

Morsure : Le personnage d’Hagen est l’exemple parfait de ces nouveaux cultes étranges de sur-hommes ou plutôt anti-hommes (Extropians, Transhumanistes, Mutants, Otherkind, etc.) qui commencent à se faire entendre (notamment sur internet). Avais-tu eu connaissance de ces groupes ? D’un point de vue moral, que penses tu de ces théories (nietzschéenne détournées) ?

Edouard : Non, je ne savais pas que cela existait. Cela dit, cela ne m’étonne pas, car l’aspiration de ces êtres – comme le Hagen de mon roman – n’est pas de devenir un sur-homme – à savoir un homme parfait, dont le modèle pourrait être Jésus Christ – mais une bête sauvage.
C’est en réalité l’objectif final de tout endoctrinement fascisant : la bête, le robot, le golem.
D’un point de vue éthique et culturel, je condamne évidemment ces tentatives aussi absurdes que dangereuses, qu’il faut cependant distinguer des théories philosophiques de Nietzsche ou de pratiques telles que le chamanisme, par exemple, dans laquelle le chaman peut incorporer ses animaux de pouvoir.

Morsure : La religion Irministe existe t’elle ? Peux-tu m’en dire plus ?

Edouard : Là encore, il s’agit de traditions ésotériques se référant aux anciennes mythologies nordiques. On trouve cela dans des bouquins tels que Le matin de magiciens ou Les racines occultes du nazisme.

Morsure : Wotan en emporte le vent (trop fort ce Cyroul). Avec le personnage Hagen, nous plongeons dans la mythologie teutonne. As-tu une fascination spéciale pour cette mythologie ?

Wotan en emporte le ventEdouard : Wotan ou Odin est intéressant car c’est au prix de mutilations et de tortures volontaires qu’il a reçu l’initiation et le don de prophétie, comme les “Werewolf” de mon roman. Cela dit, la mythologie germanique, issue elle-même de la mythologie nordique, est exceptionnellement riche. Je me suis beaucoup nourri de l’Edda et des Nibelungen.

Morsure : Dans le roman, nous croisons le personnage de Wagner. Quelles musiques écoutais tu lors de l’écriture des “Loups de la pleine lune” ?

Edouard : J’écoutais en boucle la Tétralogie de L’Anneau du Niebelung de Wagner et les symphonies de Mahler.
Hagen est une référence au personnage de Siegfried, issu des Niebelungen – peuple nain souterrain -, qui tue le héros Wotan. Dans le roman, je lui fais d’ailleurs rencontrer Wagner, au moment où il avait pris part à un coup d’état révolutionnaire, et alors qu’il commençait à avoir le projet d’écrire sa fameuse Tétralogie – que j’ai eu le plaisir de voir à Bayreuth, dans la mise en scène de Patrice Chéreau et sous la direction de Pierre Boulez, en 1976.

Morsure : Le personnage de Clarimonde est un personnage dur et vraiment répugnant qui possède toutes les caractéristiques morales d’un homme. Qu’en est-il ?

Edouard : C’est une sorte de dominatrice, de vampire, de sorcière. Sa psychologie et sa sexualité sont en effet masculine – dans le mauvais sens du terme. Elle prend puis elle jette. Sa féminité ne s’arrête qu’aux formes de son corps et elle n’est capable d’aucun sentiment amoureux. Cela dit, de nombreuses femmes ressemblent à ce schéma. Ce sont des femmes cruelles et sans pitié, dont l’animus est hypertrophié. Lorsqu’on en rencontre une, il vaut mieux s’enfuir, car elles sont des “killeuses”.

Morsure : Clarimonde est une femme magnifiquement belle. Son nom reflète t’il son dualisme beauté/égoïsme (claire et immonde) ?

Edouard : Claire et immonde, c’est bien cela ! Bravo pour ton discernement ! Non seulement elle est belle, mais elle demeure éternellement jeune.

Morsure : Ton roman est intensément psychologique. En dehors des références au tarot, il propose une interprétation du mal. Ainsi Hagen -le déshumanisé- sera t’il soumis à une souffrance éternelle pour avoir compris qu’il faisait le mal. Mais alors qu’advint il de Clarimonde à la fin du roman ? Pourquoi cette personne aussi mauvaise réussit-elle à tromper la mort ?

Edouard : Même s’il incarne une forme de Mal absolu, Hagen est rattrapé in extremis par le remords, ce qui cause sa perte.
En effet, je prétends qu’il est presque impossible d’être entièrement mauvais, de faire toujours le mal. C’est épuisant, inhumain. Personne ne le peut, à moins d’être complètement aliéné.
Clarimonde, c’est autre chose. Elle s’en sort effectivement à la fin du roman, et on peut penser qu’elle reviendra, ailleurs, plus tard. Par exemple à Venise dans les années 1920… Mais là aussi, c’est une autre histoire…

Morsure : Quels sont tes ouvrages en court et tes futures projets (si l’on peut en parler) ?

Edouard : Je sors courant mars Les Univers de Jules Verne au Chêne, pour fêter le centenaire de la mort de cet auteur que j’ai dévoré durant mon enfance. Puis, en mai, le Guide du chasseur de fées, toujours au Pré aux clercs, et en octobre, le premier tome d’une Encyclopédie du fantastique qui comprendra plusieurs volumes. Et puis, des projets de romans, bien sûr…

Morsure : Pour finir, as-tu l’intention d’écrire un jour un roman ne traitant que de vampires ?

Edouard : Beaucoup de choses ont été faites sur le sujet, il faut trouver l’idée qui renouvelle le genre. Mais j’y pense en effet…

Merci Edouard et bonne continuation sur le chemin des vampires, des loups-garous, des fées et de la lune…

Jeanne Kalogridis et les journaux de la famille Dracul

6141Charmantes et envoutantes déesses vampiriques, ne cherchez plus en vain votre impératrice ! Le vampirisme féminin à l’état pur est né !
Bon allez je me calme, j’y vais peut-être un peu fort là ! 😉
Eh non je ne parle pas de la célébrissime Anne Rice qu’on ne présente même plus, mais de la nouvelle venue dans notre sombre demeure, j’ai nommé Jeanne Kalogridis. En l’espace de sa trilogie “Les journaux de la famille Dracul“, elle a su apporter une nouvelle vision du vampire à travers la diversité de leur personnalité…
Enfin, je parle, je parle, mais je devrais peut-être vous présenter dans les grandes lignes de quoi il s’agit avant d’expliciter davantage.

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