Category Archives: Les vampires célèbres

Célébrités vampiriques et vampires stars dans le monde réel.

Erzsébet Báthory

erzebeth bathoryErzsébet Báthory Nádasty
1560 – 1614
de sinistre mémoire

Tout amateur de vampire qui se respecte a déjà entendu parler de ce monstre national hongrois rendu célèbre par ses actes de cruauté. Les orgies sanguinaires que Bathory orchestrait en son sombre château valurent en effet à cette criminelle de haute lignée (elle était la nièce du futur roi de Pologne) le surnom de «bloody lady » : elle appartient au domaine vampirique au moins autant que Gilles de Rais ou Vlad Tepes.

Ah la famille…

La moindre des choses qu’on puisse dire, c’est qu’Erzsébet n’est pas née dans une famille de saints. Etant de sang royal, celle-ci se permettait des dérives, parfois criminelles. Les plus lointains ancêtres, sans doute les Huns, s’étaient d’ailleurs imposés en maîtres en faisant couler le sang à flots. D’eux, la famille garde des traditions et rituels occultes, un mode de pensée loin de la moralité catholique, bien qu’elle soit de confession chrétienne. Citons un frère attiré tant par les petites filles que par les vieilles dames, une tante grande dame de la cour de Hongrie défrayant la chronique à cause de ses mœurs lesbiennes auxquelles elle initiait de tendres fillettes. Il ne fait pas de doute que la nourrice de la petite Erzsébet a exercé une influence sur elle. Cette femme pratiquait la magie noire et des rituels pervers : on verra réapparaître ce personnage plus tard.

L’enfance d’Erzsébet

bathory comtesseC’est au milieu de cette charmante famille à laquelle les Adams eux-mêmes n’auraient sans doute pas aimé avoir affaire que grandit Erzsébet, élevée plus particulièrement, comme c’était la tradition, par sa future belle-mère qui l’assomme de saintes lectures et de prières. Or on voit l’effet que produisent les récits de la crucifixion et autres transcendants passages de la Bible sur certaines âmes. Pensons à la charmante Polyxena (elle aussi en découd avec une hérédité sanguinaire) de Meyrink dont la frénésie religieuse la rend hématophile… mais je m’égare. Elle a quatorze ans lorsqu’elle accouche, dit-on, d’une fille certainement issue de sa liaison avec un paysan. Sa vie sexuelle démarre donc assez tôt et sera d’emblée liée à la perte d’un enfant. A ce moment, elle était déjà fiancée à Férencz Nàdasdy, un comte appartenant à la meilleure noblesse hongroise, redoutable guerrier qui devint illustre et mérita, par la suite, le titre de “cavalier noir de la Hongrie”. A quinze ans, Erzsébet se marie. Nàdasty étant la plupart du temps à la guerre, c’est de fait elle qui gouverne l’austère château de Csejthe et ses vastes domaines. Nous n’en savons guère plus sur l’enfance de Bathory, sinon qu’elle était d’une nature solitaire et sujette à de fréquentes crises d’hystérie, encore tout cela est-il sujet à caution : cette période de sa vie, genèse de l’histoire de la plus fameuse tueuse en série de tous les temps, a été rendue (comme le reste), à jamais opaque et énigmatique, mais fascinante, par l’œuvre séculaire de l’imagination populaire.

Sa carrière criminelle

Tout commença, paraît-il, de la manière suivante : alors que la comtesse Bathory giflait une de ses domestiques qui lui avait malencontreusement tiré les cheveux, cette dernière se mit à saigner du nez et le sang rejaillit sur la main aristocratique. Quelques instants plus tard, elle découvrait sous le sang qui avait tâché sa main une peau devenue plus jeune, plus douce et plus blanche. Ni une, ni deux, elle fit égorger sa servante, aidée de son ancienne nourrice, Ilona Joo, devenue, depuis, son âme damnée, afin de prendre un bain de sang.

Comme l’expérience fut probante, mais son résultat passager, elle recommença avec d’autres jeunes filles qu’elle appâtait, avec l’aide d’Illona, d’une autre mystérieuse sorcière et de son nain Flisko, en leur faisant briller un poste de domestique au château ou par la menace, l’intimidation, les promesses d’argent, raffinant progressivement l’art de la mise à mort. Erszébet fit ainsi fabriquer un charmant jouet appelé vierge de fer que l’on trouve habituellement dans les salles de torture de l’Inquisition, sorte de statue qui se mettait à sourire lorsque ses bras embrassaient sa victime, la transperçant des cinq poignards qui lui tenaient lieu de seins.

Dame de fer nurmeberg bathoryCes atrocités sont perpétrées pendant environ une décennie avant sa mort, mais en réalité, son goût prononcé des supplices avait commencé de s’exprimer bien plus tôt, alors que son mari était encore de ce monde, comme peuvent en témoigner les actes de son procès. Bien qu’à cette époque, elle n’allât pas jusqu’à tuer ses victimes, cette virtuose es barbaries a-t-elle jamais été novice en matière de cruauté ? Le comte Nadasty, qui était au courant, ne se préoccupait pas outre mesure que sa femme noircisse à force de coups la peau des domestiques.

La comtesse employait plusieurs autres techniques pour recueillir le sang des jeunes filles, le plus souvent belles et vierges. Elle leur perçait la gorge, véritable vampire humain ; les engraissait, pensant que la quantité de sang augmentait en conséquence. On raconte même qu’après s’être baignée dans le sang fumant des vierges, elle demandait à des jeunes filles de lécher minutieusement tout son corps, prétendant que la rugosité du tissu agressait sa peau délicate.

Au cours de sa carrière criminelle, elle tortura et assassina des centaines de filles, on estime généralement un nombre de victimes supérieur à six-cent. Ce n’est pas pour ces victimes qu’on l’a arrêtée, mais parce que, folle de rage, elle assassina quasi publiquement une jeune soprano qui n’osait pas chanter devant elle. Pour châtier les deux femmes complices, on leur trancha le poing, puis on les brûla vives ; le nain Flisko subit la même amputation avant d’être privé de sa tête (était-ce de l’humour noir de la part du juge d’ordonner de raccourcir le nain ?). Quant à la sanglante comtesse, eu égard à son rang, elle fut emmurée dans l’un de ses châteaux, où elle décéda trois ans plus tard.

La beauté d’Erzsébet – Dracula et Erzsébet

Dans les rumeurs et, peut-être, les fantasmes qui nous parviennent, la comtesse était une très belle femme au teint de porcelaine laissant apparaître de fines veines par transparence. Cela correspond au canon de l’époque… et à la beauté vampirique décrite dans les romans. En réalité, un étrange mystère plane quant à sa véritable apparence physique. Plusieurs portraits la représentent, mais tous diffèrent : l’original a disparu et nous ignorons laquelle des versions est une copie du portrait original… si jamais il y en a une. Dans le manuscrit de Stoker, retrouvé dans les années 1970 par Raymond McNally, on peut lire le projet d’un épisode qui n’apparaît pas dans le roman, où un artiste est engagé pour faire le portrait de Dracula, mais le peintre n’y parvient jamais : le sujet finit toujours par ressembler à quelqu’un d’autre. Les similitudes de ces anecdotes sont troublantes, ne trouvez-vous pas ? D’ailleurs, Jacques Finné tente de démontrer qu’un lien de parenté existe avec le Dracula historique. Pour tortueuse et difficilement vérifiable, cette hypothèse n’est pas totalement invraisemblable.

Trois des portraits de Bathory; les spécialistes ne s’accordent pas : Penrose donne le deuxième comme l’original, mais Mac Nally mise sur le troisième…

Bathory1-5dea4bathory erzebethbathory Elisabeth

La femme

Erzsébet était un monstre qui profitait de sa position sociale pour matérialiser ses fantasmes morbides, mais pas seulement. Outre sa beauté, ce qui rend la terrible comtesse magyare fascinante, c’est qu’elle était une femme intelligente, qui a su manipuler et s’entourer d’étranges serviteurs fidèles tout droit sortis des enfers. Elle était cultivée, avait des connaissances ressortissant de cultes païens aussi bien que chrétiens ; polyglotte, elle se mêlait de politique et gérait plusieurs châteaux avec leurs domaines. Elle était peut-être aussi bisexuelle (il me semble de toute façon assez clair que ses crimes avaient un fondement d’ordre sexuel) : une femme déguisée en homme venait souvent lui rendre visite.

Vampire ou pas vampire ?

Au sens propre, a priori, non. Elle a bel et bien assassiné des centaines de jeunes filles, mais elle n’était pas cannibale et, vraisemblablement, malgré la légende, n’a pas pris de bain de sang. Tout comme Vlad Tepes mangeant des bouts de pain trempés dans du sang tient certainement du mythe. Mais qu’est-ce qui fait qu’on s’en souvient ? Les faits ou ce qu’on en retient, leur symbolique ? Le peuple, les romanciers et les cinéastes choisissent évidemment la deuxième option.

Au niveau de la symbolique, on est servis : sang, sexe, mort ; c’est la devise du vampire. Ajoutons à cela que la comtesse sanglante était à la recherche de la jeunesse éternelle et que lors de son arrestation, il est dit qu’on ne put que contempler une femme étonnamment belle et fraîche pour son âge, ce qui accentue en plus son côté femme fatale, inhérent aux femmes-vampires de fiction.

Une autre histoire nous parvient concernant un sombre personnage, un jeune homme au teint cadavérique, nommé Cadevrius Lecorpus. Il était vêtu de noir, ses yeux étaient d’obsidienne et de longs cheveux de jais encadraient son visage pâle. Les servantes de la comtesse allèrent jusqu’à raconter qu’il possédait des canines anormalement aiguës (l’anecdote a donc sûrement été inventée tardivement, puisque le vampire n’est muni de canines que depuis notre période romantique).

Remarquons encore qu’Erzsébet appartient à la haute aristocratie, comme c’est très souvent le cas pour les vampires de la littérature. Ainsi, Carmilla, la charmante créature aux penchants homosexuels dans le premier roman vampirique, est une comtesse. Aussi qu’elle est slave, comme il est de tradition que les vampires le soient, et que sa légende est quasi inséparable de son château de Csejthe où elle a perpétré grand nombre de ses forfaits et où elle fut emmurée, comme on ne se souvient pas de Dracula sans se rappeler de son château qui lui survit également. Dernière considération : elle était initiée aux sciences occultes, ce qui était aussi le cas de Dracula, que Stoker via Van Helsing nous décrit comme un des plus savants de son temps, ayant même participé à la mythique Scholomance, école généralement située en Transylvanie, où les leçons étaient prodiguées par Satan en personne.

Fiction

Comme de juste, Bathory a inspiré un certain nombre de romanciers, voici les principaux :

  • La Comtesse sanglante, de Valentine Penrose, le mieux écrit.
  • La Comtesse de sang, de Maurice Périsset, plus récent, mais reprenant à peu de choses près la même trame, en moins bien écrit.
  • Les Archives de Dracula, de Raymond Rudorff, dont Bathory n’est pas l’unique personnage principal.
  • « Sanguinarius », de Ray Russell, une brillante nouvelle.

Ouf, Erzsébet n’a pas encore inspiré de comédies musicales (j’espère ne pas donner d’idées), mais deux opéras rendent hommage à la féroce châtelaine :

  • Erzsébet : opéra pour une femme seule en six moments lyriques, de Ludovic Janvier et Charles Chaynes, représentation à l’Opéra de Paris en 1983
  • Erzsébet, de Dennis Bathory-Kitsz où l’auteur a choisi de mettre en perspective le personnage de la soprane assassinée et les relations d’Erzsébet avec ses complices. Vous pouvez en apprendre plus en consultant le site du compositeur : http://bathory.org (en anglais avec une page en français qui a paru aussi dans le Requiem n°7).

Les films :

penrose valentine Sources

  • Site de l’auteur d’un opéra sur Bathory, peut-être un descendant de la comtesse : http://bathory.org .
  • L’article de la Wikipédia consacré à la comtesse.
  • Le Livre secret des sorcières, Katherine Quenot, Albin Michel, 1997
  • Grand dictionnaire universel du XIXème siècle, Larousse
  • Vampire, portrait d’une ombre, collectif, sous la direction de Léa Silhol, éditions Oxymore, 1999
  • Les Maudits, Jacques Finné, Marabout, 1974
  • Requiem, les archives du vampirisme n°7 (avril-juin 1998), « Erzsébet Bathory, la comtesse sanglante », Cercle d’Etudes Vampiriques
  • perisset comtesse de sangLa Nuit de Walpurgis, de Gustav Meyrink, dont les éditions Flammarion ont eu l’excellente idée de nous offrir une nouvelle traduction en 2004. Ce chef d’œuvre ésotérique du fantastique pragois met en scène Polyxena, une figure de femme-vampire des plus fascinantes associée au mythe de la femme slave, vampire humain s’identifiant au portrait d’une lointaine aïeule. Et oui, encore une histoire de portraits.

« S’il est vrai qu’essentiellement “diabolique” signifie la coïncidence de la mort et de l’érotisme, pourrions-nous manquer si le diable n’est à la fin que notre folie, si nous pleurons, si de longs sanglots nous déchirent – ou si le fou rire nous prend –, pourrions-nous manquer d’apercevoir, liée à l’érotisme naissant, la préoccupation, la hantise de la mort ? »
Georges Bataille, « Les Larmes d’Eros »

Vlad Tepes

L’origine du nom “Dracula” est incertaine. Le nom roumain “drac” (tiré du latin: draco) veut dire “dragon” ou “diable” ce qui pourrait avoir un lien avec l’ordre du Dragon auquel était affilié Vlad Dracul, le père de l’empaleur.

Vlad l’empaleur eut un existence des plus mouvementées. Enfant il est avec son frère Radu pris en otage par les Turcs qui exercent un chantage sur leur père Vlad II.

Pour comprendre Vlad, il faut comprendre son époque et sa vie. A cette époque, la Valachie était le champ de bataille des Turcs et des Hongrois. Vlad choisit alors la terreur comme moyen d’intimidation et de contrôle politique. De plus il n’aimait pas les Turcq à priori (il a dû en tuer plus de 30 000, dont 20 000 d’un coup en 1461).

Le 2 avril 1459, près de Brasov, il aurait fait empaler des milliers de soldats et aurait dîné au milieu du charnier.

FAITS DIVERS
-* Vlad Tepes a inspiré (entre autres) le peintre suisse H. G. GIGER qui lui consacré un tableau intitulé Vlad Tepes en 1978
-* Il est possible de voir un mannequin à l’effigie de Vlad Tepes, à Londres au musée de Mme Tussaud.