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Introduction à la littérature vampirique

Vampire Junction (Timmy Valentine I)

Folio enrichit sa bibliothèque argentée de la fameuse trilogie vampirique de S.P. Somtow

S. P. Somtow à 14 ans, qui ne s’appelait pas encore S.P. Somtow
S. P. Somtow à 14 ans, qui ne s’appelait pas encore S.P. Somtow

Folio enrichit sa bibliothèque argentée de la fameuse trilogie vampirique de S.P. Somtow (parue en poche précédemment chez J’ai lu), Timmy Valentine. Essentiel vampirique moderne s’il en est, jugez plutôt : il est au sommaire de VAMPIRES. Dracula et les siens, l’antho vampirique OMNIBUS présentée par Jean Marigny et ses copains vampirophiles (et ça, lecteur au longues dents qui débute dans le domaine littéraire vampirique, c’est un excellent tuyau, ce volume est ta Bible) et c’est déjà un indice. C’était donc l’occasion pour moi de m’y plonger enfin, dans un coin où on ne me voyait pas trop, vu qu’il est honteux de ne l’avoir jamais lu après toutes ces années à adorer la Grande Canine…

Timmy Valentine est une trilogie dont Vampire Junction est le premier volet. C’est aussi le roman qui rendit S.P. Somtow célèbre. C’est un auteur né en Thaïlande, comme on peut le lire sur ses traits (j’aime bien voir le visage des écrivains, c’est comme les inconnus dont il ne faut pas accepter les bonbons : la plupart du temps, ils ne paient pas de mine).

Le chanteur du groupe allemand Tokio Hotel
Le chanteur du groupe allemand Tokio Hotel

Timmy Valentine, nom qu’il se donne dans la période où se passe l’action principale du roman, est un enfant vampire de 12 ans, idole pop rock pour adolescents. Et là, je ne vais pas être sympa, je vais vous dire à qui je n’ai pu m’empêcher de l’identifier physiquement tout le long de ma lecture (ça vous poursuivra, j’espère, ghahaha) :

Mais bref, passons à l’histoire : Valentine est un vampire qui a plus de 2000 ans, il naquit à la nuit alors qu’on venait de le castrer, lui qui avait une voix extraordinaire, enfin qu’il la garde pour l’éternité. Au moment où commence le récit, il décide d’entreprendre une psychanalyse à l’aide de Carla, à laquelle il confiera, dans cette perspective, des épisodes de son passé : déportation à Auswitzch, victime de Gilles de Rais, spectateur d’un rituel satanique… ouaaaah, comme c’est original, me direz-vous.

Mais ça l’est, réellement. Ca ne le serait pas s’il se contentait d’une confession ricienne, cependant, il ne s’agit pas du tout de cela. Timmy n’est pas qu’un romantique dépressif, et Carla n’est pas un journaliste à la recherche d’un original : c’est une adepte de la psychanalyse jungienne et Timmy se prend pour un archétype. Il est une sorte d’égrégore (inconscient collectif, pour la version Jung) du côté obsur de l’humanité, la matérialisation de ses peurs, de ses sombres fantasmes, bref, du côté de l’ombre et c’est parce qu’il est un reflet, qu’il ne pourrait pas avoir de reflet. Rien de nouveau sous la lune. Oui, c’est vrai, c’est ce qui est entre les lignes de toute la littérature vampirique; combien de fois a-t-on, même, tenté de psychanalyser Stoker à travers son Dracula ? N’a-t-on pas répété ad nauseam que le comte représentait l’inavouable dans la psyché des autres personnages ? Que c’est ce qui expliquait pourquoi, dans le miroir, c’est soi qu’on voit, et pas le vampire qui devrait se renir à côté ? Oui, et Somtow a décidé de sortir cet aspect d’entre les lignes et d’en faire explicitement l’intrigue ! D’autres ont donné une voix au vampire, mais alors le vampire devenait humain psychologiquement, et finalement, on revenait au point de départ. Vampire Junction fait parler un archétype et se construit autour de la quête menée par cet archétype. Cela donne un résultat peu banal pour une histoire de vampires.

timmy valentineAu final, on ne sait pas réellement si Timmy a vécu les évènements historiques qu’il raconte, car c’est leur symbolique qui compte, il a pu en vivre des centaines d’autres au signifié équivalent, parce que l’humanité les a vécus et qu’il lui est inhérent. A côté de ça, l’autre intrigue, celle qui produit l’action, met en mouvement, fait se produire ce qui doit se produire, se rencontrer ce qui doit se rencontrer (à Vampire Junction, évidemment), est essentielle mais presque dérisoire.

Pour prévoir la suite, les deux prochains volets, je suppose qu’il me faudrait réviser Jung, mais il me semble que le triangle enfin assemblé animus / anima / ombre, il nous reste le long chemin de l’individuation…

Quelques mots sur Jung : Jung, c’est le fils désobéissant de Freud, qui à partir de la découverte de l’inconscient par Freud, va développer tout autre chose. Voici quelques thématiques auxquelles il s’intéressa et machins conceptuels qu’il a inventé :

  • Il a inventé l’inconscient collectif, qui est intimement lié à sa notion d’archétype. Les archétypes seraient des sortes de structures prêtes à remplir que se trimballe l’humanité peu ou proue depuis son origine, et où elle met des trucs différents selon sa culture, ses représentations…
  • Il a mené des recherches sur la synchronicité, qui est, en très très gros, une tentative de découvrir le fonctionnement du hasard. C’est intéressant par rapport au roman, dans la mesure où les destins des personnages y sont tissés pour que des rencontres aient lieu à certains moments précis, dans des circonstances précises. Somtow utilise le mot “karma”. Mais ce n’est pas exactement la même chose.
  • On peut noter aussi que Jung s’est intéressé à une certaine culture orientale, par exemple aux mandalas, et à des contes indiens. Or, une part de l’intrigue a lieu en Inde, dans Vampire Junction. Et pendant que je suis dans les recoupements à 2 balles, j’ajoute cette hypothèse tordue : de même que les mandala, le roman fonctionne en cercle (retour, à la fin, à la situation originelle) avec des motifs répétitifs (la fôret, par exemple, ou le fait qu’il est sous-entendu que les évènements auraient pu être échangés avec d’autres).

De l’autre côté du miroir, les confessions d’un vampire

Fabien de Montargy est un vampire qui va nous raconter sa vie, son oeuvre, et son histoire à travers un blog régulièrement mis à jour.

Né (à peu près) le 22 avril 1328, Fabien est un monstre, un vampire qui se cache au milieu des humains, ses proies.

Il a décidé de se dévoiler, un peu comme le fit [Lestat->22] il y a 22 ans (22 ans déjà, que le temps passe…) afin de protéger ses semblables et lui même de la menace humaine.

Mais laissons Fabien nous parler lui-même des raisons de la réalisation de [cette oeuvre littéraire->http://fabien.de-montargy.name/category/Echange] :
«Maintenant que j’ai (enfin!) appris à me servir d’un ordinateur, j’ai décidé, au mépris de la plus élémentaire prudence, de publier ce journal. C’est un pari risqué. Les chasseurs sont à l’affût de la moindre piste et eux aussi, ils emploient les technologies modernes. Qui sait? Peut-être êtes-vous l’un d’entre eux, en train de me lire en cet instant même, rêvant de m’éliminer sans autre forme de procès. Il y a seulement quelques années, j’aurais contraint au silence l’insensé qui aurait osé s’offrir une telle publicité et j’aurais discrédité ses écrits.

Mais les temps ont changé. La paranoïa sécuritaire qui se répand au sein de la société humaine nous menace indirectement, mais oh combien sûrement. Mes semblables prennent peur. Cette paix qui me tient tant à cœur, cet équilibre précaire, est plus que jamais menacé. Une nuit viendra où nous serons officiellement découverts, à moins que les plus agités des miens ne déclenchent auparavant la catastrophe en décidant d’asservir l’humanité par prévention. Alors, ce serait la fin de tout ce pour quoi je me suis battu des siècles durant.

C’est pourquoi j’ai créé ce journal et décidé de vous livrer le fond de mon cœur. Je prie d’arriver à vous faire comprendre que nous ne sommes pas vos ennemis. Nous n’aspirons qu’à vivre en paix. Puissé-je au moins, tel Shéhérazade, vous captiver suffisamment par mes récits pour vous dissuader d’attaquer, nuit après nuit…

Mais place à mon histoire.»

Alors, espérons que Fabien de Montargy vivra encore longtemps (il paraît que les vampires sont immortels, mais sait-on jamais)…

Vampire de Ropraz

La première oeuvre vampirique remarquable de cette année est sans doute le dernier roman en date de cet ancien prix Goncourt : Jacques Chessex.

vampire roprazRemarquable par la presse, la radio, la télé, pour commencer. Oui, forcément, un Goncourt, un roman racontant d’horrribles faits dans une pornographie de détails gore, des descriptions inflexibles, légistes, des sévices subis par des corps de presque fillettes que la mort faucha trop tôt-pas au goût de tout le monde. On se demande jusqu’à quel point Chessex n’aurait pas quelques fantasmes inavouables. Les medias se le demandent. Mais les media sont des cons.

Heureusement, ce petit roman (à peine plus d’une centaine de pages), mérite d’être remarqué par d’autres que ces rigolos. Nous, inconditionnels du mythe du vampire, par exemple.

C’est donc avec un sentiment partagé que je tendis la somme due à mon libraire pour acquérir ce livre dont, d’une part, on m’avait trop rabattue les oreilles pour que je n’ai pas envie de le bouder un peu, mais à propos duquel j’éprouvais une curiosité quant au traitement du mythe du vampire : parlait-on réellement dans ce roman de vampirisme, ou cela était-il une façon de dire “monstre” pour un être que la bonne morale juge inhumain ? Car ce livre s’annonce d’emblée comme n’appartenant pas au genre fantastique…

Jacques chessexEn 1903 à Ropraz, dans le Haut Jorat vaudois, la fille du juge de paix, la virginale Rosa, meurt à vingt ans d’une méningite. Dans l’hiver qui souffle, un promeneur trouve le couvercle du cercueil soulevé, le cadavre violé, la main gauche coupée net, le sexe mastiqué, le coeur disparu. Profanation. Horreur. Stupéfaction villageoise, crainte du diable, soupçons de vampirisme, ail et crucifix accrochés aux maisons pourtant protestantes… En avril de la même année, deux autres profanations atroces sont exécutées de manière semblable : à Carrouge, des gamins jouent à la balle avec la tête scalpée de Nadine ; à Ferlens, c’est la blanche Justine qu’on profane. Monte la rumeur, comme une houle : il faut un coupable pour des crimes qui rappellent à chacun la ‘crasse primitive’, les vices cachés ; les étreintes contre nature. Favez, un garçon de ferme un peu idiot aux yeux rougis, à l’épaule saillante, aux longues canines, qu’on a surpris à l’étable abusant des génisses, sera le coupable idéal. Il sera jugé et condamné, puis on perd sa trace après 1915. Lire l’Incipit sur le site de l’éditeur.

Loin de vous proposer une analyse de ce roman sous quelque angle que ce soit, je vous soumets simplement quelques points, quelques pistes :

Le “vampire” est de fait un nécrophile, comme vous pouvez vous en rendre compte dans le résumé. Bon, me dis-je à la premier page, je ne trouverai pas l’ombre d’un vampire. Je me trompais, car c’est de l’ombre surtout, que l’on trouve, des correspondances avec le mythe, du subtil plutôt que du patant.

Par de multiples aspects, le livre renoue, plus précisément avec l’époque Dracula : la parole est retirée au “vampire” (quelques décennies après l’avènement du vampire parlant, ça fait du bien de ne plus l’entendre tergiverser à la Louis de la Pointe du Lac, non ?), ce sont les autres qui parlent de lui, ce sont les autres qui cherchent et se cherchent en lui. Qui cherchent, parce qu’ils ne comprennent pas comment une “telle horreur” (Mais qu’est-ce qui est horrible finalement ? Les cadavres ne souffrent pas, aux dernières nouvelles… ce qui est horrible est le manque de respect et donc de peur, devant la mort. L’affront de la mort est une caractéristique du vampire, mais aussi sa mise au jour, son spectacle, le vampire fait voir ce qui doit être caché : le cadavre. Le vampire fantastique en étant lui-même un cadavre, le héros de ce livre en les sortant de leur tombe. est possible. Les psy passent d’ailleurs à côté, le faisant élargir une première fois : ils ne le croient pas coupable, ils ne comprennent pas à quel moment le vampire est né, où se situe la genèse. Comme pour Dracula, le mystère est jeté sur sa naissance en tant que monstre, que vampire. Pourtant, ils connaissent son histoire, les violences sexuelles subies dans son enfance, la misère, le manque d’éducation. C’est pourquoi en lui les habitants du village, au fond, se cherchent, cristallisent en lui leur culpabilité, la conscience qu’ils ont, de vivre dans un hameau consanguin, incestueux, malsain, primaire, obscur, violent, frustré. En lui ils veulent punir cela. On retrouve aussi un peu la population porteuse de superstitions de Dracula. D’autant plus qu’en réalité, jamais il n’est prouvé qu’il est coupable du viol des tombes. Mais ses yeux sont rouges, ses dents aiguës et c’est également ce qui participe à sa condamnation.

On note aussi une mystérieurse “dame blanche” qui vient rendre visite au monstre (au montré, au phénomène), plus vampire que le vampire, venue assouvir sur lui de pervers fantasmes.

Présence d’un asile psychiatrique où les médecins sont assez expérimentateurs, allusion à Dracula encore ?

Et la fin du livre, que je ne saurai interpréter, sinon qu’elle montre à quel point le “vampire de Ropraz” fut soumis au destin général plutôt qu’au sien propre. Il est un témoignage des autres plutôt que de lui-même. En cela peut-être la fin a-t-elle un sens. Et aventureusement, je me dis qu’ici encore il rejoint Dracula, ce titre qui peut être lu comme une épitaphe. Mais là, je ne peux en dire plus sans vous parler du dénouement.

Finalement, à la question de savoir si ce livre parle d’un vampire, je dois dire non, pas à mon sens. Mais est-ce que ce roman utilise et enrichit le mythe vampirique : mais oui ! Et comment ! C’est, j’espère qu’on s’en rendra compte, un futur incontournable de la littérature vampirique, une nouvelle façon d’énoncer le mythe, de le rendre pertinent pour évoquer notre monde rongé par la lumière crue de la science, assoiffé de sensationnel, éclairé par les media qui rendent les actes de violence une anecdote de comtoir nationale, et se sentant coupable. L’engouement médiatique à la curiosité au goût douteux pour ce livre prouve peut-être la justesse de cette mise à jour du mythe.

La vampire – 1 : La promesse

La littérature, c’est un peu comme la musique. Il y a l’avant (l’attente, l’observation), l’acte (la lecture ou l’audition) et l’après (le silence, la contemplation).

la-vampire-pikeEn littérature, il consiste à regarder son livre, à le manipuler, le sentir, à frôler la couverture, toucher la couverture, la découvrir, l’observer, et commencer à s’imaginer les trésors qu’il renferme.
Cette étape très importante (à ne pas négliger) est indispensable pour relier le support (le concret) à l’histoire (l’imaginaire). Ainsi l’histoire que vous avez lu sera pour toujours associée à l’odeur, la texture et la beauté du livre que vous avez entre les mains.

De l’importance de l’apparence du livre

Il arrive souvent que nos espérances imaginatives de cette première approche du livre, soient déçues par un contenu bien inférieur à ce qu’on avait imaginé.

Hé oui, combien de fois un magnifique ouvrage, superbement relié, dont la couverture présente une magnifique illustration et la 4ème un résumé alléchant (voir des citations dithyrambiques), s’avère n’être au final qu’une bouse insipide et commerciale ?

Cela arrive très (trop) souvent. Il faut remercier en cela le fabuleux travail des marketeurs qui habillent des gros cacas en œuvres de choix par la magie des mots (NOUVEAU !), des visuels (A POIL !), et des têtes d’affiche (ACHETEZ car TOUT LE MONDE ACHETE).

Mais là où c’est plus rare, c’est quand un contenant minable cache une petite perle.

Attention, hein ! J’ai dit « petite ! », ce n’est pas le bouquin de la décennie non plus.
Mais je dois vous avouer ma surprise à la lecture du livre de Christopher Pike.

Il faut toujours tenir ses promesses

Je n’en avais pas envie, mais j’étais obligé de lire ce livre. J’en avais fait la promesse. Car des fois, je fais des promesses idiotes. Mais comment avais-je pu promettre ça. J’ai tellement de trucs plus intéressants à lire, des valeurs sûres. Pourquoi ça ?

Donc me voilà prenant dans mes mains cette « chose ».

Quelle immonde édition (Fleuve Noir devrait avoir honte d’oser sortir des bouquins comme ça). Pire que le pire des SAS. Pire que le pire des collection Arlequins.

Une blonde-pouf (non, elle ne pouffe pas, elle ressemble à une pouf), façon Bouffy en couverture. En arrière plan, des pseudos bas reliefs de mon c… Tout ça démontrant néanmoins une belle maîtrise de QuarkXpress (c’est pas facile de faire une belle couverture avec des photos de merde). Ajoutons un titre « La Vampire » en rouge vif en police de caractère pseudo médiévale et une 4ème de couverture qui nous replonge dans les tribulations d’une blondasse à Sunnydalle. Et nous obtenons une parfaite couverture moche et accrocheuse réalisée en 5 minutes… Tout ce qui donne envie de ne pas lire un bouquin.

Et Merde !

Je venais de me taper les chiantissimes aventures virgino-américaines d’Anita Blake (la pucelle nécromancienne-chasseuse de vampires-tueuse mais qui ne nique qu’après le mariage), et j’étais reparti pour m’avaler un autre roman pour goth de 14 ans.

Pfff.. Dire que je tiens toujours mes promesses…

Alors je lis…

Blablablabla… L’héroïne c’est Sita (Alisa Perne mais c’est pas son vrai nom)… Blablabla…

Je suis une vampire de 5000 ans (ben ouais, il faut bien rivaliser avec les vampires d’Anne Rice)….

Blbalbala… Je suis super forte, super sans scrupule, super allumée…

Pfff.. Ca commence toujours comme ça dans les romans vampiriques pour pucelles jusqu’au moment, où y’a un mec super beau (« j’te raconte pas, top canon ») qui arrive et là, hop, on trouve une excuse pour pas coucher avec lui avant le tome 8 de la série…

Je continue à lire…

Boum ! La vampire explose la cage thoracique d’un détective véreux… Ah
Oui, quand même, elle est vraiment sans scrupule la fille.
Et je continue à lire. Et l’héroïne (même si elle n’a rien d’héroïque, étant complètement autocentrée), l’héroine, donc est bien super forte, super sans scrupules, et super allumée.

Et, Et … Et elle couche quand elle en a envie !!!

Attention ! Révolution dans le roman pour teenage girls !

On est plus dans Buffy ou Anita Blake qui vont expliquer pendant 20 pages pourquoi il ne faut pas coucher même quand tu en as envie, non, là il s’agit bien là d’une fille de 5000 qui a de vraies désirs, de vraies pulsions et qui les vis profondément. Une vraie femme qui s’assume. On est bien loin des caricatures américaines classiques.

Ajoutons à cela des origines indiennes, de la mythologie védique (on y rencontre Krishna, Rama, Kali-yuga, Radha et le démon Yaksha) , des prédictions, des barbouzes, un bonhomme à lunettes qui a le SIDA et qui écrit des livres d’horreur et vous obtenez un truc que la couverture du livre n’aurait jamais pu prédire.

Bon, certes, c’est écrit avec les pieds (ou alors la traduction n’est pas fidèle à l’original, car je n’ai lu que la version française), mais c’est une chouette histoire assez imaginative, qui se lit vite avec beaucoup d’action et peu de temps morts.

On peut également reprocher à l’auteur, le fait qu’il n’y connaisse absolument rien en informatique (ni en arts martiaux d’ailleurs), alors que la vampire est censée être un génie dans ces domaines. Mais bon, c’est pas la première fois qu’on nous fait le coup.

Conclusion : ne croyez pas aux couvertures !

En conclusion, il ne faut jamais se fier aux couvertures des livres…. Je devrais le savoir. Les apparences sont bien trompeuses et ce livre me l’a prouvé.

La deuxième conclusion c’est que les éditions Fleuve Noir sont tombées bien bas (même le titre original est mieux : “The last vampire“)

Mais irais-je jusqu’à lire le tome 2 ?

House of the vampire

Jean Marigny m’a donné un livre…

Imaginez ma joie. Car LE Jean Marigny, LE grand expert vampirophile français, m’a donné un livre. Un livre qui n’a pas été écrit par lui mais qu’il a traduit de ses petites mains musclées.

Jean Marigny m’a donc donné un livre.

Et imaginez ma surprise : je ne l’avais jamais lu ce livre vampirique. Je ne le connaissais que de nom.

Donc forcément, le livre en main, je n’ai pu m’empêcher de m’y plonger.
Il s’agit effectivement d’un livre peu connu, et pourtant c’est un ouvrage tout à fait original car il traite de vampirisme psychique, plus précisément même de “vampirisme artistique” (l’expression est de moi, j’en suis fier).

Son maléfique protagoniste, l’abominable Reginald Clarke est un célèbre génie de l’écriture, brillant et admirablement intelligent.

Mais l’on découvre peu à peu que Reginald est une terrible psychopompe qui aspire le génie des autres à son profit, laissant ses pauvres victimes vidées, perdues, et désespérées.

Et finalement, ce vampire est plus terrible que bien des prédateurs assoiffés de sang, car il se nourrit de l’âme et de l’imagination créative de ses victimes.

Alors que préférez vous ? Mourir exsangue aux lèvres d’un prédateur animal ou vivre décérébré, la créativité aspirée par un artiste de la haute ? [Dracula->170] ou Reginald Clarke ?

Jean Marigny m’a donné un livre.

C’est un livre intéressant, dont le style nous replonge au début du siècle. La forme évidement mais aussi le fond. A l’instar de Dracula qui était une transposition de la vie de [Stoker->48], Ernest Fielding, le malheureux héros de la maison du vampire, semble excessivement proche de G.S. Viereck.

La plupart des dialogues nous éclairent sur le point de vue de l’auteur sur la société, l’art, la culture, les femmes. On y trouve celui du naïf qui découvre la vie (le jeune Ernest) et celui du méchant qui a tout vécu (Reginald).

Certains de ces dialogues peuvent nous apparaitrent aujourd’hui rétrogrades. Mais il s’agit d’un livre à lire évidement avec recul, en n’oubliant pas le contexte du début du 20ème siècle aux Etats-unis.

Jean Marigny m’a donné un livre et je l’en remercie.

Jean Marigny

Bibliographie

Publications :
– 1985, Le Vampire dans la littérature anglo-saxonne (Didier-Érudition) – thèse soutenue en 1983.
– 1993, Sang pour sang: le réveil des vampires (Découvertes/Gallimard)
– 2003, Le vampire dans la littérature du XXe siècle (Honoré Champion)
– 2003, [La maison du vampire->323] (traduction du roman de GS Viereck)

Anthologies :
– 1978, Histoires anglo-saxonnes de Vampires (Librairie des Champs-Élysées)
– 1997, Les Vampires: Dracula et les siens – avec Roger Bozzetto (Omnibus).
– 1997, Dracula: direction d’un ouvrage collectif à l’occasion du centenaire du roman de Stoker en (Autrement, collection “Figures mythiques”)
– 2004, Les Mondes Perdus de Clark Asthon Smith

A participé ou préfacé également les ouvrages suivants :
– 1999, Visages du vampire (dirigé par Barbabra Sadoul)
– 1999, Vampire, portrait d’une ombre de Léa Silhol (avec également Alain Pozzuoli)
– 2005, Dracula, le lexique du vampire d’Alain Pozzuoli (préface de Jean Marigny)
– 2005, [Le vampire au fil des siècles : Enquête autour d’un mythe->254] de Estelle Valls de Gomis (préface de Jean Marigny)

Le Château des Carpathes

L’histoire débute dans un petit village supersticieux de Transylvanie, en face duquel se dressent les lugubres ruines du château des Carpathes, que l’on pense inhabitées depuis des années. Seulement, voilà qu’un jour, le berger Frick s’aperçoit à l’aide de sa toute nouvelle lunette qu’un mince filet de fumée s’échappe de la tour. Ce ne peut être que l’oeuvre du Chort (le Diable), puisque le dernier descendant de la famille des barons de Gortz, propriétaire du castel, est supposé mort depuis longtemps par les habitants du burg ! Le courageux Nic Deck accompagné du docteur Patak partent alors voir de plus près ce qui se passe et sont forcés de battre en retraite après avoir été les témoins de nombreux phénomènes aussi effrayants qu’étranges…

Quelques temps plus tard, le comte de Télek, qui voyage pour oublier la mort de sa fiancée, la célèbre cantatrice Stilla, fait halte au village de Werst, où il ne tarde pas à avoir vent des phénomènes reliés au château des Carpathes, qu’il pense scientifiquement démontrables. Puis il apprend que le château appartient à Rodolphe de Gortz, son sang ne fait qu’un tour : ce nom est lié dans sa mémoire à la mort de la Stilla, il décide donc d’y aller et lorsqu’il atteint le plateau d’Orgall, qui fait face à l’édifice, voilà qu’il distingue, sur le terre-plain d’une tour, la silhouette de sa bien aimée, qu’il croyait morte depuis cinq ans…

Ce roman débute dans une ambiance qui le rapproche du récit fantastique.
Un conte fantastique, c’est ce que l’on est tenté d’y voir, malgré quelques indices, jusqu’aux derniers chapitres. Mais même si la quatrième de couverture de Livre de Poche prétend que “Jules Verne s'[y] affirme comme un maître de la littérature fantastique”, il s’agit bien là d’une oeuvre de science-fiction… au cadre fantastique voire gothique. En tant qu’irréductible fanatique de la littérature fantastique, je n’ai pu m’empêcher d’être étreinte par une vague déception, mais d’autres vous diront, et ils auront raison, qu’on peut voir dans le dénouemement, à la faveur d’un poétique anachronisme, une métaphore onirique de la télévision : des morceaux d’un passé qu’on croyait évanoui peuvent être contemplés à travers des éclats de verre. Pour comprendre, il va falloir lire.

Vous trouverez ci-jointe la photo de la couverture des éditions Hetzel qui se faisaient un blé pas possible sur le dos de Verne. Lui-même était pauvre. Et une des gravures qui ornent ces éditions dont nombre de bibliophiles sont dingues.

Voyage au pays des mythes

voyage mytheVéronique Maurus (2000)

Dans un livre dédié à quelques mythes dont la source est réputée réelle, V.M. réserve un chapitre à Dracula titré “Dracula chez les gothiques“. Avec l’auteur, nous partons pour un petit pèlerinage à la recherche de ce mythe, en commençant par la Roumanie, où elle rencontre un auteur : Adrian (Adrian Cremene, Mythologie du vampire en Roumanie).

Ce dernier lui apprend que les vampires existent, mais que, non, ils ne ressemblent pas à Dracula. Ce sont des hommes versés dans l’ésotérisme et qui visent à devenir immortels en se relevant du tombeau pour boire le sang des membres de leur famille, dans lequel se trouve l’âme. Cette pratique trouve son origine avec les anciens grands prêtres d’une vieille religion païenne – le culte de Zamoxis, rite pratiqué par les Crètes (Daces) qui vinrent coloniser les Balkans.

C’est là la seule information un peu originale que trouvera le lecteur un temps soit peu averti en matière de mythologie vampirique. Le périple se poursuit : Paris XIIe, au bar Le Comte Dracula, avec un rapide portrait de la jeunesse gothique. Puis Withby, la ville où débarque Dracula dans le roman de Stoker, où le lecteur a l’occasion de faire un peu de tourisme avec V.M.

Cet article n’est pas vraiment mauvais, il est intéressant pour quelqu’un qui aborderait pour la première fois le mythe du vampire. La plupart du temps l’auteur se contente de citer ou de paraphraser quelques “vampirologues” qui ont acquis leurs lettres de noblesse : Raymond MacNally, Jean Marigny, Alain Pozzuoli, dont les ouvrages sont utilement cités à la fin. C’est en fait une sorte d’exercice de synthèse. Quelques légèretés, dont Stoker orthographié “ck” dans toutes les occurrences, dommage pour quelqu’un qui prétend écrire pour Le Monde un article sur Dracula…

Autre chapitre à lire : celui sur Faust, qui a réellement existé !

Voyage au pays des mythes, de Véronique Maurus
ed. Calmann-Levy, 2000 ISBN : 2-7021-3154-9

Le vampire, enquête autour d’un mythe

Chers lecteurs amateurs de vampires,

Cet objet exceptionnel rejoindra tôt ou tard votre bibliothèque, car il deviendra sans aucun doute un classique de la littérature vampirique. Je m’explique :

Rédigé sur la base d’une soutenance de Doctorat à l’université de Toulouse II, ce pavé – 470 pages – vous étonnera pour 2 raisons :

1) D’accord, c’est un gros pavé, mais pas du tout assommant, comme on pourrait le craindre.

C’est écrit dans un style tellement aéré et clair que vous le lirez comme un bon roman, et vous ne verrez par le temps passer…

2) La richesse du contenu est impressionnante : Depuis les origines lointaines du vampire dans les religions du monde entier, puis présentant les vampires restés dans l’Histoire, nous continuons la visite avec les soit disants cas de “vrais vampires”, avant de passer à un chapitre très interressant sur les origines du vampire littéraire (il y a là une dissection très détaillée et très fine du “[Dracula->170]” de [Stocker->48]). Nous passons ensuite aux lieux géographiques liés aux vampires, puis à la fascination qu’inspire le vampire sur nous, simples humains, et enfin aux divers médias qui ont utilisé – et utilisent encore – le thème du vampire : Cinéma, publicité, théatre, musique, arts graphiques, télévision…

Bref, une véritable encyclopédie, bourrée de références (voir l’imposante liste de sources à la fin de l’ouvrage pour ceux qui veulent creuser le sujet). La préface est rédigée par [Jean Marigny->324], un des plus grands spécialistes au monde sur la question des vampires. Et en guise de bonus, l’auteur nous présente dans un cahier central en couleur quelques unes de ses propres peintures, représentant très joliement des créatures aux dents pointues…

Un dernier conseil, si je puis me permettre : Il vaut mieux débourser 24 € pour cet ouvrage au contenu trés riche et sérieux, plutôt que plusieurs petites sommes dans des ouvrages médiocres et très superficiels. Croyez-moi, vous ne regrettez pas votre investissement…

Cupidon s’en fout

Fernand est un vampire.
Mais attention, pas un vulgaire vampire moderne à lunettes de soleil et poufs de luxe, non un véritable vampire à l’ancienne, avec gilet, cape, et oreilles pointues.

Un vampire qui aime la “vraie” musique (les Frères Jacques) et pas la techno à deux balles ou le trash punk métal inaudible.
Un vampire qui dort dans un cercueil à l’ancienne et pas dans un lit à baldaquin.

Un vampire qui est un peu peureux et n’aime pas tuer les gens (d’ailleurs il ne suce que d’une dent).

Mais un vampire qui aime les jolies filles, même si il est un peu soupe au lait et si il aimerait bien que son ex copine (qui l’a trompé avec son meilleur ami) revienne à la maison.

Bref, un vampire que j’aime bien.

Et ce vampire va rencontre une jeune vampirette, Aspirine. Une vampire nouvelle génération qui se ballade avec une Ankh au cou et qui, malgré ses différences avec Fernand, va l’aimer dés le premier cou(p) d’oeil.

L’avis du Cyroul:

Il y a quelques années, quand on m’a offert cette BD, j’ai remercié (je suis poli) et je l’ai planqué sans l’ouvrir dans une vieille biblio poussiéreuse où je range les trucs que je peux pas jeter mais que je veux pas lire non plus.

Et puis, des fois, quand le vent de l’immobilisme mental souffle sur mon esprit, j’ouvre cette bibliothèque à la recherche de nouveautés. J’en ai ressorti ce premier album de Grand Vampire de Sfar et là, stupeur, stupéfaction, incrédulité.


Je déteste ce graphisme peint avec les pieds, et pourtant ce trait est génial et beaucoup plus complexe qu’on ne le croit aux premiers abords.

Je déteste les bobos parisiens qui font de la BD, et pourtant ce scénario est une mine d’intelligence et de phrases cultes et splendides (oserais-je poétique) et on a les mêmes goûts avec Sfar.

Je déteste qu’on raconte des histoires de vampires que j’aurais pu raconter moi même, sauf que je n’aurais jamais eu le talent d’en écrire une aussi bien.

Alors… J’adore.

Ce premier tome de grand Vampire est enchanteur. Beau, poétique, vampirique, humain, esthétique, etc… De plus c’est tellement rare d’avoir du Brassens en titre de BD.

Et Sfar ne me paie même pas pour dire tout ça…