A l’occasion de la sortie de Vampyres un livre de Laurent Courau sur les clans de vampyres à New York, certaines pensées viennent me chatouiller le thalamus.
Vampyres nous raconte le quotidien de ces jeunes un peu paumés, vivant dans des quartiers où Joe Star n’oserait pas mettre les pieds, et qui ont trouvé un équilibre, une voie qui leur permet de ne pas se perdre.
Lente descente vers le rien
Car il est facile de se perdre quand le monde autour de soi est déjà perdu.
Je ne pense pas qu’il y ai beaucoup de caillera/rapeur/banlieusards qui lisent ce site (et c’est bien dommage), mais je ne leur apprendrait rien en leur parlant de la sensation d’étouffement inéluctable que l’on peut avoir à arpenter du soir au matin, des allées de béton nu. Pas de stimulis intellectuels, de défis mentaux, un désert de sensations.
Alors imaginons un bronx New-Yorkais… C’est pire. Les seuls choix restant seront l’oubli dans la violence ou l’oubli dans la drogue.
Et pourtant non. L’espoir arrive à naître dans les lieux les plus perdus.
Des clans subsistent, arrivent à s’inventer de nouvelles façons de gérer leurs micro sociétés.
Les riches capitalistes qui pensaient régler le problème simplement (en laissant les pauvres et paumés s’entretuer) en sont les premiers surpris.
Car c’était sans compter la volonté de survivre, mais aussi de vivre qui peut animer une communauté qui n’a plus grand chose à perdre. Les modèles précédents n’ont pas marché ? Alors on s’en invente d’autres et l’idéal vampirique devient un but vital.
C’est ainsi que les petits peu à peu vont vaincre les grands… Avec de la volonté, du travail (le travail -artistique ou physique- tiens une grande place dans cette structuration), et surtout la foi dans un idéal, ces “petits” de la banlieue dépasseront vite les grands philosophes, sociologues et autres inventeurs de mode de vie qui ne remettront jamais en cause leur confort consensuel.
Et pendant ce temps là en france
Un ministre bien connu des médias, appelons-le «petite crotte» pour garder son anonymat (voir un autre édito) essaie de sortir un nouveau projet de loi sur la prévention de la délinquance… Car oui, selon le gouvernement, le nombre croissant des mineurs mis en cause par les services de police, ainsi que la violence de leurs actes, justifient de nouvelles retouches de cette vieille loi qui date de 1945.
Propositions du gouvernement ?
- création de CEF (Centres Educatifs Fermés, quel joli nom, si plein d’espoir et d’amour)
- sanctions éducatives dès 10 ans
- détention provisoire dès 13 ans
Bravo petite crotte !
Rien de telle pour propager un certain idéal du banditisme que de chopper les graines de délinquants dès la jeunesse.
Moi je me souviens qu’à 13 ans, avec mon pote Stef, on balançait des kiris sur les panneaux de basket, on piquait des journaux de cul dans les station services et on faisait des batailles de cailloux. Je suis persuadé qu’un petit tour en taule aurait amélioré notre caractère bien trop rebelle.
13 balais et déjà en taule? Ouahh… La classe… Total man !
Et puis, lorsque le gouvernement aura terminé de transformer les jeunes en bandits, il pourra enfin passer à la légalisation de la peine de mort. Je sens que ça manque à certains, l’idéal américain.
Alors, je vous propose un édito dans 10 ans qui parlera des nouveaux clans de Vampyres à la cité des 4000…
Des gamins paumés qui ont, seuls, relevé la tête et se sont enfin trouvé un idéal de vie.
Mais en attendant, préparons-nous 10 ans de bordel dans la rue grâce (notamment, car il n’est pas seul) aux envies présidentielles de la petite crotte.