L’ère de l’information n’est définitivement pas l’ère de la culture

Avant l’écriture d’un article sur Pierre Kast, l’auteur des [Vampires de l’Alfama->63], je me suis renseigné, par pur soucis professionnel.

Forcément, après plus d’une dizaine d’années plongé dans le monde internet, mon réflexe immédiat (voir conditionné) fut de rechercher sur le web les oeuvres de ce fameux monsieur.

… Damned !

Que dalle (ou pas grand chose) !

Pourtant, Pierre Kast étant un touche à tout prolifique (le genre de gus qui vous laisse un monceau de bouquins, films, poémes, photos, dessins, etc.), j’aurais du trouver sur lui une montagne d’informations.

Mais non, quasiment rien.

Juste un gros tas de sites commerciaux vendant ses quelques films adaptés en DVD (et pourtant il a du en tourner une trentaine) et d’autres sites commerciaux vendant ses 2 livres. Et flottant dans cette mare du mercantilisme, quelques sites sur les acteurs qu’il a dirigé, ou sur ses amis célèbres (Boris Vian, Raymond Queneau, etc.) parlant de lui de façon élogieuse. Mais sinon rien…

Serait-ce qu’il n’existe pas ?” me surpris-je à penser.

Honte sur moi ! Quelle régression intellectuelle.

Il y a quinze ans, je serais allé préparer mon sujet dans une bibliothèque (note pour les jeunes : une bibliothèque, c’est un endroit avec plein de livres gratuits que l’on peut consulter).

Alors qu’aujourd’hui, mon premier réflexe c’est internet.

Seulement Pierre Kast n’existe pas sur Internet. Ce qui existe c’est un nom qui représente des ventes potentielles de DVD ou de bouquins. Cet homme, humaniste, inventif, révolutionnaire, n’est plus catégorisé aujourd’hui que par ses productions qui rapportent de l’argent. Et on a frôlé le pire, car ses livres et films ne seraient pas proposés à la vente, il n’existerait même plus.

Gommé des mémoires.

Effacé.

Car internet cet outil fabuleux destiné à partager gracieusement de la connaissance universelle est devenu le parangon des mercantiles avides.
Si tu ne te vends pas, je ne parle pas de toi. Et si je ne parle pas de toi, tu n’existes pas.

En effet, dans un monde promis à regarder la télévision, à surfer sur internet et à s’envoyer des SMS mal orthographiés, qui prendra encore la peine de franchir la porte d’une bibliothèque pour savoir qui est Pierre Kast ?

Heureusement, il existe (et il existera toujours j’espère) des gens qui croient encore que le partage des connaissances et la gratuité du savoir font avancer les choses.

Regardez la Wikipedia, un concept fabuleux de partage culturel (évidement, il se trouve toujours des sites pour récupérer les infos et les revendre, mais l’idée de départ est excellente). Regardez aussi des unitiatives comme [UZine->http://www.uzine.net/], ou encore [Rezo.net->http://rezo.net/], [NoLog->http://www.no-log.org/] ou [Secouez.org->http://www.secouez.org/], des sites qui ont pour prétention de renouveler le genre web, et ça marche.

Ca vous change, hein ? Des pages sans pubs, sans ventes, avec plein de contenu gratuit ? Vous vous rendez compte qu’il y a moins de dix ans, le web en entier était comme ça.

Alors, si vous voulez continuer à avoir une culture, boycottez les sites à pubs, à pognon, à ventes extraordinaires, et choisissez avec précaution vos lieux de villégiatures webiennes.

PS: je me jette la première pierre car sur mes fiches mordantes (cinéma et littérature) vous pouvez trouver un lien vers le site commercial Amazon. Je peux me justifier en disant que je simplifie la vie à ceux qui veulent absolument acheter le produit critiqué (et si ça peut vraiment vous rassurer, je n’ai toujours même pas gagné de quoi payer mon hébergement).

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