Pendant que les élus UMP et PS s’étripent joyeusement à propos d’un sujet qu’ils ne connaissent pas (le projet de loi DADVSI), profitons en pour prendre du recul et regarder la scène de très très très loin.
Car c’est le lot du vampire, sage et atemporel, d’analyser les évènements d’une manière prospective et historique (tout ça avec un humour de bon aloi).
Il y a des milliers d’années naissait la musique. La musique de la nature (glou glou, floc floc), des animaux (cui cui ! Groooarrr !) et des astres nocturnes (pfffiiiiouuuu Poum !).
Elle était gratuite et libre de droit.
Et puis vinrent les artistes
Ceux là essayèrent au début de reproduire la musique de la nature, des animaux et des astres nocturnes. Puis un jour, par accident, Bolrug le chasseur, voulant attirer un tigre mammouth laineux en reproduisant son cri d’amour caractéristique (BLEUUUUAAAHHH !) via une conque ramassée sur la plage, poussa un POUEEETT extraordinaire qui remplit les chasseurs de sa tribu d’une exaltation incroyable.
Bolrug venait d’inventer la musique humaine.
Il se fit appeler Bolrug le ménestrel et décida de consacrer sa vie à l’étude de cette nouvelle science.
Comme il ne chassait plus devait payer ses morceaux de mammouth en jouant un POUEEETT à tel ou tel chasseur qui voulait emballer sa nana. Les revenus musicaux étaient nés.
De temps à autres, il se produisait pour toute sa tribu sur une pierre centrale qu’on appela par la suite la Scène (Jésus Christ, autre pipoteur célèbre, se produisit lui aussi sur la Cène, mais ce n’était pas la même).
Pendant 20 000 ans, la musique changea, évolua (enfin, pas tellement si vous écoutez le dernier florent pagny) et se transforma. Mais l’esprit était le même : si tu veux écouter ma musique, tu me file un bifteck.
Et puis un jour, un boss qui avait plein de bifteck dit à un chanteur végétarien : si tu joue pour moi, je te donnerais à bouffer une carotte par jour. Le chanteur était heureux car il ne voulait plus manger de bifteck. Et le boss était heureux car avec un bifteck on pouvait s’acheter 50 carottes.
Les premiers producteurs de musique étaient nés.
En très peu de temps, les producteurs jaillirent de toutes part. Ils échangeaient, carottes, choux, petits poix, bananes, etc. à des musiciens trop contents de pouvoir manger. Contrat conclu, le musicien devait trimer comme un âne pour pouvoir manger. Mais il y avait trop de producteurs et trop de musiciens indépendants, ils devaient réagir.
Les producteurs commencèrent à appliquer les recettes du libéralisme économique à la musique : appauvrissement des studios d’enregistrement indépendants, rachat des radios «libres» afin de ne diffuser que leurs musiciens, OPA massives, campagnes de pubs gigantesques, opérations furtives pour décrédibiliser les adversaires, accointance avec les politiciens de tout bord (qui ne demandaient que ça, car eux aussi aiment les carottes), monopoles de distribution, etc.
Au final, les débris de cette guerre sanglante, les musiciens solitaires, sans producteurs, se retrouvèrent au caniveau, à lécher les flaques d’eau (ptain, c’est beau ça Cyroul).
Mais cette paupérisation des musiciens indépendants n’était qu’un petit prix à payer quand on voyait les merveilles sonores vendues par ces producteurs (lorie, britney spears, la star ac ‘, etc.). Mais surtout l’écouteur de musique était devenu un CONSOMMATEUR à l’esprit vide.
Esprit qu’on s’empresse d’orienter grâce à des budget marketing et communication 3 fois plus élevés que le coût de l’album).
Et Internet arriva…
Les consommateurs commencèrent à échanger des musiques qu’ils aimaient. Des musiques connues, nostalgiques, régionales, improbables, rigolotes, idiotes. Mais surtout des musiques originales.
Le consommateur redevint alors un vrai appréciateur de musique au grand damn des producteurs.
Car il est évident qu’un gamin va forcément acheter du lorie, du star ac ou du johnny, si il n’écoute que ça à la maison (comme ça passe en boucle sur tf1, rtl, europe1,etc. et qu’il n’y a plus de cours de musique en primaire).
Mais si le gamin commence à écouter du vrai rock (Elvis, Noir Désir, Beatles, etc.) ou même de la bonne pop des années 70 ou 80, alors le gamin va jeter son CD de lorie rapidement pour acheter un truc plus audible.
Car le téléchargement sauvage et gratuit, c’est ça : le hasard et l’apprentissage de la musique. La possibilité de chopper sur internet des trucs improbables et inattendus.
Et évidemment ça fait peur aux producteurs et à leurs amis politiciens. Si les consommateurs deviennent cultivés, ils n’achèteront plus de la merde au prix du caviar, et c’est un véritable danger pour l’économie du disque ça monsieur…
Pour ma part, j’écoute tout, puis je trie et je n’achète en album que ce que je vais vraiment apprécier.
Résultat : j’ai 2 albums réalisés après les années 2000 (Dresden Dolls et Rammstein), 5 dans les années 90, et 300 avant les années 90.
Faites pareil, ça fera du bien aux indépendants.