Satanisme et Vampyrisme

satanisme vampyrisme
Paul Ariès est un anti libéral qui aime les territoires sociaux troubles et obscurs peuplés de conspirations mondiales et de sectes lobotomisatrices. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages très axés sur les méfaits de la mondialisation, de la publicité, du libéralisme excessif et des sectes. Il a également reçu le prix littéraire de l’Académie nationale de cuisine et enseigne l’histoire, la socio de l’alimentation à Lyon. En bref, rapidement comme ça, il a tout pour me plaire ce gars là.
Et en plus il nous écrit un livre sur le satanisme et le vampirisme. Alors quoi, je cours, je vole, je dévore… Hélas, il s’avère que mes intuitions guidées par les 4ème de couv accrocheuse (faudrait vraiment que j’arrête de les lire) sont souvent fausses.

Sur la forme

Le style de ce livre est malhabile. Paul Ariès peut mélanger dans un même paragraphe un témoignage et une citation officielle d’une secte, un point de vue personnel et une certitude non argumentée, ou encore un copier/coller d’un passage récupéré sur internet.
Bref, un style qui augmente le sensationnel et l’impact des mots tout en réduisant leur lisibilité et surtout leur sens.

Ce style réduit grandement la crédibilité du propos. On a l’impression que l’auteur essaie d’impressionner son public, alors que le propos du livre est plus d’informer le public.
De plus de nombreuses coquilles augmentent l’impression de publication à la va-vite (sans relecture), rajoutant une notion de pas sérieux à un livre pas vraiment structuré.

Au final, la lecture de ce livre laisse une impression désagréable de pas sérieux. Le comble quand on attaque un sujet tel que celui-ci.
Le contenu, on le verra est un peu à l’image du contenant…

Sur le fond

On ne peut nier que Paul Ariès en connaît un bout sur la question du satanisme. Il reprend ses thèses exposés dans son précédent ouvrage sur le sujet (“Le retour du Diable“), en les agrémentant de témoignages et de chiffres réactualisés. Outre la base de connaissances très solide sur le satanisme, ce livre développe et prouve l’association des idées de l’extrême droite avec celles des satanistes.

Associations d’idées qui iront jusqu’à retrouver les mêmes personnes défendant le diable et défendant le suprématisme blanc ou encore des idées de race pure et “noble”.

Certes, ça va encore choquer les derniers lecteurs satanistes de Morsure.net (il n’en reste plus je pense), mais il est évident que les “théories” satanistes ont un arrière goût d’extrême droite. Et que ceux qui ne l’ont pas vu sont soit aveugle, soit des fans de Marylin Manson (qui n’est absolument pas représentatif de l’église de Satan).

Je tiens à avouer tout de suite que je suis complètement d’accord avec Paul Ariès sur ce point : la majorité des sectes satanistes véhiculent une idéologie d’extrême droite. Ok, ça c’est le constat de base. Tant pis pour ceux qui ne veulent (ou ne peuvent) pas voir ça.

Là-dessus, Paul Ariès n’a pas tort, donc. Seulement, il explique ceci d’une façon tellement mal structurée qu’à la fin il arrive à nous faire douter de ses arguments.

L’argumentaire de Paul Ariès :

1/Les satanistes sont tous de l’extrême droite.
2/ L’extrême droite c’est des nazis.
3/ Donc les satanistes sont des nazis…

Logique basique et douteuse qui s’appuie sur la vérité de la première proposition. Hors, manque de bol, celle-ci est fausse. En effet, tous les satanistes ne sont pas d’extrême droite (pour les autres propositions je ne sais pas, je ne fréquente pas les cons).

Je vais vous proposer un autre argumentaire. Basé sur une logique implacable (la mienne) mais qui a l’avantage d’être moins basique :

Mon étude personnelle sur le satanisme (simplifié pour les gens simples qui m’écrivent des mails d’insultes simples) !

Les jeunes qui n’ont rien d’autre à foutre que d’essayer de se faire passer pour des satanistes feraient mieux de lire des livres (et pas toujours les mêmes en boucle) et d’essayer de changer pour de vrai le monde en un endroit ou tout le monde peut vivre ensemble.
Ce qui n’est évidement pas l’argument de la secte satanique qui dira en substance : “construis toi un monde rien que pour toi“. Mais qui peut croire en ça ? Imaginez, si chaque personne construit un monde rien que pour lui, ces personnes vont s’entrechoquer, se heurter, dévorer l’espace des autres. C’est donc impossible.

Mais pas impossible pour les satanistes qui ajoutent : tu crée un monde qui te ressemble et tu forces “les faibles” à vivre dedans. Il n’y aura que “les forts” qui profiteront de ce monde. Et forcément, les forts, ça sera les satanistes.
Nous revenons alors au bon vieux système des seigneurs et des serfs. Le seigneur dirige et le serf bosse. Et forcément, comme dans toute idéologie pour décérébrés (satanistes, militants de l’UMP, etc.), les seigneurs seront forcément ceux qui font partie de la bande avant les autres.

Et y’a des pauvres gens pour croire ça. Pour croire que EUX feront parti des élus alors que les autres se traîneront dans la boue pour les servir. En bref, des abrutis pour préférer basculer la civilisation dans un moyen âge stagnant quand dans une société évoluée tournée vers l’avenir. Bref des gens qui ne pensent qu’à eux… Ce sont eux que l’on appelle « satanistes ».

Mais ces gens, qui sont-ils ?

Je ne parle pas des adeptes de base, souvent des personnes sans repères qui cherchent une raison (ou une façon) de vivre. Je ne parle pas non plus des véritables gourous (les vrais seigneurs) qui contrôlent les mouvements. Ceux là ont trouvé une façon plutôt originale de vivre leurs fantasmes et de gagner du pognon. Grand bien leur fasse.

Non, je parle des petits chefs. Ceux qui rêvent de devenir seigneur pour contrôler des gens, assouvir leurs pulsions dominatrices et enfin, enfin pourvoir niquer des nanas. C’est ceux-là qu’il faut haïr. Parce que ceux-là vivent la plupart du temps aux crochets de la société qui les supporte. La plupart sont fonctionnaires ou pseudo handicapés sociaux n’étant pas obligés de gagner leur vie pour vivre bien (à coup de subventions sociales). Bref, des gens qui vivent grâce à vos impôts et pas leur travail.

Il faut les haïr, parce que eux, qui ne vivent pourtant que grâce au haut degré de civilisation de notre société, veulent la massacrer pour flatter leur ego (ou tirer un coup). Des sortes de poux ou de puces. Voyez, un poux ça bouffe son hôte, ça gratte et ça produit rien à part d’autres poux. Le « sataniste petit chef » c’est la même chose. Ca bouffe la société, ça gratte, et ça produit rien à part d’autres satanistes.

Alors, si vous voyez un pou-sataniste-petit chef, soyez sympa, écrasez le (vous paierez moins d’impôts).

Bon, revenons à Paul Ariès

Pas facile d’être un chercheur dans un domaine que l’on ne connaît pas (ou peu).

Il existe 3 façons d’enquêter sur un sujet comme le satanisme ou le vampirisme :

1/ La façons tf1/m6
Faites une recherche sur Google pour avoir quelques sites à montrer (c’est important les images). Recrutez quelques cinglés qui veulent faire parler d’eux, quelques rituels et pratiques sérieuses tirées hors de leur contexte. Rajoutez beaucoup de musique d’ambiance (tirée de films fantastique ou d’Harry Potter), une voix off grave et sérieuse susurrant des commentaires pleins de sous-entendus.

Résultat : 97% des cons sont devant leur tv et hurlent contre les abominations des jeunes goth d’aujourd’hui. Bravo, vous avez gagné plein d’audience et de pognon !

2/ La façon journaliste gonzo à la Laurent Courau (Vampyres).
Développez vos contacts dans le milieu. Vos contacts doivent être un minimum sérieux. Rencontrez les, interviewez les. Potassez bien le sujet avant de les rencontrer. Vos interviewés ne sont pas n’importe qui. Ecrivez un livre à la première personne racontant vos pérégrinations chez les vampyres.

Résultat : on vous reprochera soit de ne pas être allé assez loin dans les explications soit d’avoir fait l’apologie du vampyrisme.

3/ La façon chercheur sensationnaliste à la Paul Ariès.
Mélangez une bonne base de connaissance sur les sectes et les mouvements sataniques avec des témoignages (si possibles sensationnels) glanés ça et là. Ajoutez à ça une recherche rapide sur internet, quelques rumeurs, et des descriptions sordides, une couverture très esthétique et un titre racoleur et hop, voilà votre livre.

Résultat :

Un livre trop complexe pour les ménagères de 50 ans et pas crédible pour des jeunes déjà engagés dans le satanisme, ce livre n’aura qu’un seul mérite : exister afin de donner un début de réflexion aux paumés qui se réclame de LaVey.

Mais si vous voulez vraiment vous débarrasser de ces bêtises religieuses ou pseudo-religieuses, je vous conseillerai plutôt Michel Onfray et son Traité d’athéologie qui en quelques phrases va casser les satanistes et autres vampyres qui se réclament de Nietzsche en leur montrant ce qu’est une personne vraiment réfléchie (libre).
Et vu que je suis un vampire sympa, je vous les livre ci-dessous :

«Etre nietzschéen – ce qui ne veut pas dire être Nietzsche comme le croient les imbéciles…- exclut de reprendre à son compte les thèses majeures du philosophe au serpent : le ressentiment, l’éternel retour, le surhomme, la volonté de puissance, ….
Nul besoin – quel intérêt ? – de se prendre pour lui , de se croire Nietzsche, et de devoir endosser, puis assumer toute sa pensée. Seuls les esprits courts imaginent cela…
Etre nietzschéen suppose penser à partir de lui, là même où le chantier philosophique a été transfiguré par son passage. Il appelait à des disciples infidèles qui, par leur seule trahison, prouveraient leur fidélité, il voulait des gens qui lui obéissent en se suivant eux seuls et personne d’autre, pas même lui.
Surtout pas lui. »

Michel OnfrayTraité d’athéologie

6 thoughts on “Satanisme et Vampyrisme”

  1. Je trouve ton article excellent. Par contre, la référence finale, bouaaarf (avis personnel).

  2. Damned, j’ai l’impression qu’il y a une cabale anti-Onfray car tu n’es pas la première à me dire ça.
    Mais je n’ai pas encore compris pourquoi. Il vote UMP ou quoi ?

    (Ma seule critique à son égard est qu’il est anti-religions de base et que ça nuit à son athéisme éclairé, mais sinon, il m’a l’air plutôt sain comme gars.)

  3. Une cabale ? Il s’immisce partout, jusqu’à trouver tribune dans le Monde libertaire, arf… (sacrilège !^^) normal qu’il soulève des réactions, non ?

    Une raison, à part une aversion instinctive (quand-même modérée) que j’éprouve malgré moi envers certains verbeux… bon bon…

    Disons, mise à part la critique que tu lui adresses et avec laquelle je suis d’accord, en deux mots, que sa provocation, sa virulence ses avis me semblent un peu creux, comme issus peut-etre inconsciemment de la société consumériste dont il s’adapte d’ailleurs bien au système à travers la prolifération de ses écrits monnayables avant même le soin pris d’en vérifier conscientieusement la justesse des références et une présence assez conséquente dans les media. (mettre ponctuation où elle sied)

    Sur ce, je retourne, toute Martine, à mon Bruce Bégout :Lieux communs-le motel américain (ah, il faudrait que tu lises ça, au moins à cause du chapitre sur les serial killers, il faudrait essayer de rapporter ça au vampire moderne, j’en ferai peut-être un chtit article).

  4. Effectivement, j’oubliais l’aspect mercantile et provocateur du bonhomme Onfray. Mais ce qui m’a le plus gêné, c’est plutôt sa liste de références (que personne n’a lu) et sur lesquelles il base ses raisonnements. Non, je n’ai pas lu Paul de Tarse et je n’ai que la bonne foi d’Onfray pour croire ce qu’il écrit.

    Mais cela dit, j’ai adoré sa citation sur les pilleurs de Nietsche. C’est tellement vrai…

    Sur ce, moi je retourne bosser. Pendant que d’autres font leur Martine sur la plage. Ah bah bravo 😉 (et merci pour les références, ça fait du bien)

  5. Cher critique littéraire,

    Merci de ne pas me conseiller ce livre de Paul Ariès.
    Mais laissez-moi revenir sur votre post.
    Quand un livre est mauvais, mieux vaut ne pas se laisser aller à une critique sociale qui rendrait un contexte socio-culto-sexo-blablabla potentiellement responsable de n’importe quel pari de librairie ou méfait d’éditeur. Malheureusement, les grands livres sont rares, les grands lecteurs peu nombreux.

    Ensuite, répondre à une mauvaise étude par une mauvaise critique, c’est le plus grand déshonneur qu’on puisse infliger à son égo. Par exemple, qu’un critique disséque son sujet en forme puis fond (quand bien même l’histoire – et l’histoire de la vampirologie et de la démonologie – nous a montré que pour sauver ou l’art ou la morale la distinction était nécessaire), et il se risque à tomber dans des considérations aussi simplistes et insensées que celles que peuvent nous donner à entendre les médias; Nietzsche, lui-même – qui ne connaissait pas TF1, savait la chose.

    Une erreur encore, peut-être, dans la lisibilité de votre post.
    Peut-on sans préjudice pour la visée d’un propos donner à lire un kaléïdoscope de visions filtrées, des jugements explicitement amputés, et laisser sur les récifs ou le plus personnel ou le plus jubilant? Qu’une rage se moque des questions d’élégance est une chose, mais réfléchie, elle trouve toujours les meilleurs moyens à son expression. Je sens bien dans votre aigreur la volonté de laisser libre court à la pensée qui jouirait sans entrave préfabriquée ainsi qu’à à votre ironie, mais j’ai du mal à croire que l’invitation à la lecture de Michel Onfray, si elle n’est pas une ironie au carré de votre crue, soit des plus pertinentes.

    Enfin puisque la bêtise consiste à vouloir conclure, je me laisserai à penser comme notre cher Bartlelby que tout ne vaut pas la peine d’être lu, ni copié, ni vécu, que lorsque une ombre insatisfaisante ou un livre inglorieux se présente à notre regard, mieux vaut parfois avoir la délicatesse de répondre avec une humilité paradoxale et qui est souvent bien supérieure à tout ce qui est donné en valeur et en subversion: “I would prefer not to”.

    Quant à vous, cher critique littéraire, que votre éternité soit plus supportable que nombre d’autres, c’est encore le mal que je vous souhaite.

    J. Walser.

  6. Je suis en train de finir ce livre et ta critique résume assez bien: des clichés, du sensationnel, et des sophismes à répétition….sataniste= néo-nazi et tout le livre se compose uniquement de “références” pour taper sur le même clou.
    Dans la même ligne, vampyre= adepte SM du sang et du latex=pervers désaxé….j’ai l’impression d’entendre ma mère après une émission de Mireille Dumas…!

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