Ca y est, le quinquennat de [Zarkozi->83] commence en fanfare avec l’arrêt de la seule émission de décryptage du média télévisuel compréhensible par le français moyen : Arrêt sur image.
Arrêt sur Image (ASI pour les intimes) s’arrête donc. Il ne nous restera donc plus que Ripostes de Serge Moati (qui pourtant a une audience plus faible que ASI, mais vu qu’ils causent avec des mots qui font trop de syllabes, cela dérange moins les gens qui décident ce que vous allez voir), il ne nous restera donc plus que Ripostes disais-je avant que le flot d’indignation en me submerge encore et m’empêche de finir ma phrase – mince j’ai recommencé, il ne nous restera donc plus que Ripostes (et Taddeï avec Ce soir ou jamais), pour parler d’idées et d’opinions sur la vie culturelle, sociale et politique.
En bref, polémiquer…
Car polémiquer est un art français (le seul et le dernier vrai art gaulois).
Le français aime polémiquer et c’est pour cela qu’il continuera longtemps à avoir un cerveau, car il le fait travailler en polémiquant. Le refus de la polémique, c’est l’arrêt du cerveau.
Regardez l’américain moyen : on lui dit quoi boire, quoi manger, quoi penser, quoi dire en fonction de son sexe et de sa catégorie socio-professionnelle. Et il le fait, sans se poser de questions. Ainsi aux états-unis, le noir américain (et pas l’américain noir) est soit militaire soit dealer soit basketteur, la new-yorkaise s’habille en Prada, le texan s’étrangle avec des bretzels et la teenager, pom-pom-girl (vous croyez que je généralise ? regardez les séries tv vous verrez bien).
Vive la gaule (hum…)
Alors que le français, lui boit son petit coup de blanc au bar et il le sirote lentement. Il allume sa clope et commence sur le ton particulier de ceux qui veulent qu’on en débatte : « Sarkozi c’est un vrai con ! » (ou alors variations : « les étrangers, c’est tous des voleurs », « les femmes, toutes des salopes », « les pd, des enculés», etc.).
D’un coup, et comme par magie, se joignent à lui d’autres français qui sont pour ou contre (ou même sans avis), et qui vont le prouver à grand renfort de références télévisuelles, radiophoniques, voir même livresques (car certains ont même lu des livres).
Hélas pendant ce temps là, le français ne consomme pas. Ou trop peu. Il ne fait que boire son blanc sec, éventuellement, il mange un saucisson beurre.
Hélas pendant ce temps là, le français ne regarde pas (ou peu) de publicité. A peine une affichette « Pernod » sur le mur. Au pire, Ricard, Perrier, Heineken, Kronenbourg… Mais c’est des marques que tout le monde connaît. Aucun intérêt.
Hélas pendant ce temps là, le français ne travaille pas (en dehors du patron du bar qui essuie ses verres) et ça ne plaît pas à [Zarkozi->83] qui veut une France au travail
La restriction de la polémique
Heureusement, les gens qui sont au pouvoir (non, contrairement à ce que vous croyez, il ne s’agit pas forcément de « Politiciens », on y trouve aussi des chefs d’entreprise, des actionnaires majoritaires ou des avocats), les gens qui sont au pouvoir, donc, vont faire le nécessaire pour arrêter ce noble art français non rentable qu’est la polémique.
1/ Ils vont alors communiquer avec des phrases simples que n’importe quel abruti peut reprendre à son compte.
Quelques exemples : la France au travail, les étrangers dehors, ceux qui n’aiment pas la France la quitte, les femmes sont nulles en politique, etc…. Bref, des messages simples pour des gens simples.
2/ Ils vont aussi s’acharner à détruire les pauses détentes, les moments de réflexions que le français moyen peut avoir au cours de sa journée. Un bel exemple : supprimer la cigarette dans les endroits publiques (autant dire partout, vu qu’il y a peu de personnes qui travaillent chez elles). Ne rigolez pas les buveurs de blanc sec, votre tour arrive…
3/ Ils vont enfin supprimer toutes les sources d’informations alimentant la polémique (le trouble mental). « Arrêt sur Image », qui faisait très peu de concessions au pouvoir en place est la première perte officielle. Non, ils ne supprimeront pas Libé (trop à gauche), ni Marianne (trop dur), ni même Charlie Hebdo (trop pipi caca), mais plutôt tous les petits vecteurs de pensée libre. Ces émissions, ces journaux, qui vous montre le monde tel qu’il est réellement, sans forcément essayer de vous le vendre. Je serais le « Canard enchaîné » aujourd’hui, je me ferais du souci.
L’espoir du jour
Heureusement, il y a Internet et son collège de blogs, sites, forums ou les gens racontent tout et n’importe quoi. Peut-être que cet endroit est encore la dernière zone libre où les penseurs, les véritables Nietzschéens des idées pourront défier les conventions admises et surtout les mensonges du gouvernement actuel.
Quoiqu’il en soit il est encore pour un (court) moment hors d’atteinte de ceux qui aimeraient que vous pensiez moins, alors profitez en pour y rester (et y polémiquer) plus.