Parce que Dieu l’a dit

arton365-911e4– Dis moi, pourquoi cette femme est toute habillée alors qu’il fait si chaud et que les hommes sont nus ?
– Parce que Dieu l’a dit !

– Pourquoi vous ne devez pas faire l’amour en utilisant des préservatifs alors qu’il n’y a plus rien à manger à la maison entre tous les frères et soeurs ?
– Parce que Dieu l’a dit !

– Pourquoi ne pouvons nous abréger le calvaire de cette femme-enfant enceinte d’on-ne sait qui ?
– Parce que Dieu l’a dit !

– Mais pourquoi mutilons nous le sexe de cette adolescente pour qu’elle ne puisse plus avoir de plaisir pendant l’amour ?
– Parce que Dieu l’a dit !

– Et pourquoi tuons nous cette famille de paysans qui ne prient pas le même dieu que nous ?
– Parce que Dieu l’a dit !

– Mais pourquoi Dieu dit de telles choses ?
– Tu es trop petit pour comprendre. Ce sont des choses de grandes personnes. Retournes te coucher et ne t’inquiètes pas : Dieu veille sur nous…

Post Scriptum :
Ceci est un message à caractère informatif : pensez par vous même !

One thought on “Parce que Dieu l’a dit”

  1. Je te, je vous conseille absolument le livre suivant et d’aller voir la mise en scène de Thierry Bedard si l’occasion se re-présente : Lilith, de Réza Barahéni, mon livre-bible, mon livre-soeur.

    Le spectacle, lui, s’appelle Exilith.

    A propos du spectacle :
    Hier soir (le 13 janv. 2006 en fait)j’ai été voir Exilith, j’attendais cette représentation avec impatience. Je n’ai pas été déçue. Quel texte, et quelle interprétation !

    Lilith qui dénonce l’état de veille comme factice, Lilith initiatrice du langage, donc mère de tout, Lilith l’obscurité, Lilith le plaisir sans les restrictions, la mère insoumise et l’amante, celle qui fait de vous la proie de vos rêves…

    Le spectacle commence dans l’obscurité… Lilith murmure “non… non… non…” invente un langage pour se souvenir comment Dieu avait écrit le scenario cette fois-là…

    C’est un spectacle éprouvant aussi, très. Surtout dans sa deuxième partie. Les Lilith exilées, les Lilith et les poètes adultères lapidés, même par les femmes.

    “Et toi, n’as-tu jamais commis l’adultère ?”
    “Alors, pourquoi te jettes-tu des pierres ?”

    Les Lilith de 13 ans violées puis exécutées au nom de la volonté divine.

    Mais ce n’est pas racontable, il faut aller vivre ce spectacle, et lire ce texte qui est sans doute un chef d’oeuvre.

    A propos du livre, qui est en fait une adaptation du spectacle, puisque Barahéni l’avait au départ adapté du persan pour le spectacle de Bédard, le texte français est donc une adaptation de celui du spectacle, il est sorti seulement il y a peu, chez Fayard.

    Je ne suis pas dans les livres. Je ne suis pas dans les spectacles. Ma langue n’est jamais la leur. Je suis dans l’absence de signes. Je suis dans les statuettes tombées sur le flanc, dans les ruines où les vents du désert entassent la poussière des millénaires durant. Je vis dans les déserts perdus où la tempête aveugle les caravanes, et c’est moi qu’on accuse. Je vis dans les recoins isolés et puants où stagne à ciel ouvert l’eau putride des fosses d’aisance, dans les forêts reculées et desséchées, dans les marécages pleins de serpents et d’insectes venimeux, dans les coïts où chacun des amants suce le sang de l’autre, dans les maladies que les nouveau-nés héritent de leurs parents, dans les crises et les attaques qui s’emparent des hommes en prise avec le froid ou la fièvre. On m’identifie à tout cela. Mes beautés usurpées, des imposteurs les transcrivent sous leur nom. Tous se moquent de savoir que je pense, et donc que je suis autre. Je n’ai pas été façonnée dans cette poignée d’argile rouge où, quarante ans durant, Adonanaï a insufflé son âme par tous les trous pour qu’Adadam se lève et se mette à marcher. Qui suis je ? “

    En libérant la parole de Lilith, la toute première femme à avoir été chassée du paradis par un usurpateur nommé Adonanaï, et en lui rendant sa place de matrice originelle, Réza Barahéni, lui-même condamné à l’exil, livre un condensé poétique et politique de son œuvre : un cri musical, littéralement primal, lancé contre despotes et tyrans, dont les victimes, depuis le commencement, sont les poètes et les femmes.

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